Le nom du producteur et DJ Clément Perez (Béziers), arrimé aux scènes techno et rave, se pare officiellement de l’identité d’artiste 14anger. Pérez : une fascination personnelle pour le son, un son de l’obsessionnel. Les sévices en ce domaine (écriture, remix, arrangement, production) se sont accumulés depuis 2003 (Zerogocki, ou ce Rendered entrepris avec Daniel Myer [Haujobb]).
Le premier vrai format album de Perez à paraître sous le nom de 14anger étale des épaisseurs dont il se plaît à canaliser le flux, même si ce "long" ne naît que bien des années après l'émergence du projet. The Poison Tree : une huile chargée et abrasive, hypnotique, noire et épaisse, réalisant le désir du protagoniste principal de former une collection à orientation "industrielle" (musique industrielle, notion évolutive). 14anger, dont les premiers développements connus (par nous) datent de 2012 (plusieurs formats EP), fonde ses développements sur un principe oppressif : martèlement du beat, texturation et distorsions. La musique de 14anger est physique mais pas toujours dansante, contrairement aux présupposés courant après les tenants d’un son techno. Pérez scénarise ou sculpte un ensemble, construisant à dessein de simples interludes, ces respirations créant du lien (cf. le titre éponyme).
Demeurent certains fondamentaux plastiques : les vrombissements de basse contribuent à la solidité de l’armature rythmique, sa colère. Une armature que certains jugeront linéaire (nous ne goûtons pas tout – cf. "Pale Tints of Morn"), mais le principe n’effraiera nullement les amateurs de musiques techno-industrielles. Pareil propos évacuerait d'ailleurs, et un peu facilement, la précaution cinématographique de Pérez : il sculpte éventuellement au creux du son un puits d’atmosphères ; ce qui abroge alors cette linéarité fruit de l’obsession de la boucle ("Endless Rituals", "Turned to Dust and Ashes"). Ailleurs, le son en appelle aux éléments et développe un climat venteux, porteur de présences fantomatiques ("Those who remain").
Le principe de répétition reste néanmoins une seconde nature de cette musique ("Ruins", "Adown the Glade"), dont la fabrication a été vivifiée par un rapport intensifié avec la nature sur toute la période de travail : un trimestre plein, durant lequel Perez s’est dédié à ce premier format long sans "mélanger" ce processus avec d’autres. Pureté de l’intention : le produit rigide et noir qui en découle, témoin selon Clément d’un désir de "simplification" de sa musique, se décline en ces douze structures alternativement fugaces ou physiquement charpentées. Ce bloc, incluant collaboration avec Hypnoskull ("5 Minutes left") est augmenté d’un appendice de quatre remixes impliquant Antechamber (cinématographie cosmique sur la relecture d’"Endless Rituals"), Shrouds, Crystal Geometry et Mono-Amine.