2kilos &More rend sa musique plus abordable en la référençant. C'est sous le patronage croisé de Nine Inch Nails, Sonic Youth et Autechre que sort ce sixième long format.
Les ambiances s'installent avec la minutie habituelle, chaque son gardant un rendu organique et live immersif ("Circular" et ses rythmiques, les nappes spatialisées, les triturations en échos proches sont un plaisir pour les oreilles). Ces multiples couches et bruitages prennent corps sur la "Trilogie", trois pièces sonores évolutives et denses, interrogeant la capacité à faire narratif avec uniquement de la musique. Sur cette pièce, 2kilos &More délaisse les références précitées, en récupère d'autres (le titre qu’Air n'a jamais voulu produire...) et délivre un ensemble aux confins du free-jazz, du space-rock et de l'électro. Les instrumentaux s'enchaînent et se fondent en des paysages parfois vivants, parsemés de tensions. Les saturations alternent avec des lignes plus souples ("TP-DA-LP-FG-IN-TB-L1" en titre bonus). Dès que Black Sifichi prend la parole, un climat nocturne et urbain se met en place : "Decibels" rejoint ainsi la poignée de titres spoken word composés par le groupe et le chanteur, bande-son de pérégrinations interlopes sur fond d'yeux, de bouche, de nourrissons qui émergent du sommeil, et de jeu de dés chez les fous. La tension va croissant, culminant sur "Aspect" et son travail de sape à la batterie. Le final en bonus (quasiment dix-sept minutes !), hommage à un port de pêche réputé de Norvège, est un retour au calme, la batterie minimale, les claviers et autres nappes formant cocon réparateur, isolement capiteux, méditation et détente progressive, la lumière rendue palpable.
