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Les incessants crépitements de l'ombre

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RIP
07/05/2020

Florian Schneider (Kraftwerk, Organisation)

(07/04/1947 - ǂ XX/04/2020)

Genre : volksmusik / machinisme
Posté par : Emmanuël Hennequin

Même si le nom de Florian Schneider n'était plus associé au groupe depuis 2008, il sonnera pour toujours comme celui des origines de ce son révolutionnaire, synthétique, robotique et minimal : le son de Kraftwerk.

Florian est décédé il y a plus d'une semaine, mais la nouvelle n'a reçu confirmations officielles et annonces de presse sérieuses qu'hier, mercredi 6 mai 2020. Dans la journée, les premiers échos fleurissent sur le web : pages personnelles, blogs font part de la disparition du sound designer. Des rumeurs avaient semble-t-il précédé dans les jours antérieurs, sans qu'aucune information digne de ce nom puisse être confirmée. Le web, faut-il le dire, bruisse de choses pas toujours fondées.
Ce n'est que plus tard, en fin de journée, que plusieurs organes de presse dignes de ce nom, dont le très sérieux The Guardian, annoncent la triste nouvelle que leur ont confirmée plusieurs sources proches de Schneider. Parmi elles, des connaissances du musicien, l'un des managers de Kraftwerk (Alexandra Greenberg) ainsi que le siège de Sony Berlin. Le décès de Florian ne vient pas de se produire : il est survenu il y a une semaine de cela, et Schneider a pu bénéficier d'une cérémonie privée, dans un cadre intime. L'AFP évoque pour sa part un "cancer fulgurant" survenu "quelques jours après son soixante-treizième anniversaire."

Florian était le fils de l'architecte ayant conçu l'aéroport de Cologne, Paul Schneider-Esbelen. Son premier projet connu est Pissoff. Suit Organisation, avec Ralf Hütter, qu'il a rencontré en 1968 à l'Académie des Arts de Remscheid : c'est le germe de Kraftwerk.
Hütter et Shneider montent le Kling Klang Studio en 1970 et les apports organiques que Schneider fait à Kraftwerk font l'objet d'un traitement machiniste (guitare, violon, flûte). Dans ce qu'ils font, la langue allemande est à l'honneur. L'entité Kraftwerk s'agrandit après ses trois premiers albums. Avec Autobahn (1974) s'affirme une orientation plus radicalement synthétique. Plus tard, en 1978, Schneider, dont la "drôlerie sérieuse" a pu interroger certains, déclare à Yves Adrien pour Rock'n'Folk #137 (juin) : "Nous, nous aimons nos machines. Nous entretenons une relation érotique avec elles."

S'ensuivra, postérieurement à 1974, une série d'indispensables, et l'affirmation d'un son qu'ils taxeront eux-mêmes de volksmusik (la "musique folklorique des usines", selon Bowie, dont le "Heroes" comprend, tiens, un morceau intitulé "V-Schneider", que l'on retrouve aussi sur la bande originale Christiane F.). Cette musique exigeante (Schneider est taxé de perfectionniste par son entourage artistique direct) forme in fine un "électronisme" brut et compact ayant exercé une influence peu mesurable sur les scènes electro, techno et/ou industrielles inscrites dans l'après-70's.
Schneider n'était plus apparu sur scène avec Kraftwerk après 2006 et son départ du groupe, effectif en novembre 2008, a été officialisé début 2009. Il avait été remplacé par l'assistant du groupe Stefan Pfaffe. En 2015, enfin, Schneider s'associa à Dan Lacksman (Telex) pour la sortie de "Stop Plastic Pollution".

Depuis l'annonce de sa disparition, les témoignages émus pleuvent : la maison Korg, Orbital, Jean-Michel Jarre, Duran Duran.
Florian Schneider avait 73 ans.

Diskögraphie | Kraftwerk (albums studio)
  • Kraftwerk (1970)
  • Kraftwerk 2 (1972)
  • Ralf und Florian (1973)
  • Autobahn (1974)
  • Radio-Activity (1975)
  • Trans-Europe Express (1977)
  • The Man-Machine (1978)
  • Computer World (1981)
  • Electric Café (1986)
  • Tour de France Soundtracks (2003)