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Les incessants crépitements de l'ombre

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RIP
27/03/2025

Frédéric Lacan

"So this is silence" | les derniers grondements de la basse (28/06/1971 - 03/2025)

Portrait : Frédéric, par Ma Tiyeux
Posté par : Emmanuël Hennequin

Sur son Facebook officiel, la photographie de profil (reprise ci-dessus) de Frédéric Lacan, bassiste et musicien historique des Bordelais Here[in], est assortie de divers commentaires. Deux se suivent : "Solitude de l'âme" (Olivier Truel) et "C'est bien notre Fred !" (Evelyne Ciria). 

Qui sait ce qui se trame à l'intérieur ? Qui sait à quel point les choses vous travaillent ? Tous ceux qui ont connu personnellement Frédéric - et nous n'en sommes pas, nous qui ne faisions que suivre son parcours de musicien, ce dont nous nous étions simplement et fort heureux - disent aujourd'hui leur tristesse, leur stupéfaction. Lorsque vous parcourez l'ensemble des commentaires, vous réalisez à quel point la présence de Frédéric a importé aux autres ; à quel point elle a marqué des moments, des secondes qui apportent une lumière voire, parfois, réparent, structurent. 

Ce qui ressort de tout cela, dans le regard que nous portons sur ce sort - attristé étant faible mot - est le souci que Frédéric semblait avoir de l'autre. Sa préoccupation pour le vivre ensemble, une aspiration faite sienne au partage. Ses convictions, ses engagements, témoignent de l'attention pour celles et ceux qui pouvaient en avoir besoin, ou tout simplement qu'il aimait. Et sa présence a laissé des marques profondes : du vibrant témoignage que lui adressent les membres de Here[in], aux mots de celles et ceux ont croisé le travailleur social, le musicien ou simplement l'homme. Ces mots qui chacun à leur manière disent le moment, celui dont ils se souviendront toute leur vie, celui de l'humour de Frédéric aussi et que nous voulons retenir entre tous. Cet humour qui surgit dans ce mot de David Del Campo, que nous lui volons comme nous volons cette belle photographie de Frédéric happé dans une seconde malicieuse, ci-dessous, trouvée sur la page FB de Ma Tiyeux. David, à toi : "Et donc le dernier souvenir, ça sera lui en train de se vautrer dans le noir dans un meuble mal rangé et d'hurler : 'Mais qu'est-ce qu'il fout là, ce con de meuble ?!!!'... Je ris, je pleure."

En cette funeste ouverture de printemps 2025, nous savons les cœurs chavirés, une famille endolorie, les amitiés médusées, et ce silence qui s'est imposé. Nous savons aussi le redoublement de la peine de Here[in], touché une nouvelle fois dans son histoire. Nous rions et pleurons avec David et avec tous ceux qui aiment et aimeront toujours Frédéric, ses proches, ses collègues et amis musiciens, ses copains copines, toutes celles et tous ceux qui ont partagé la chair d'une seconde de sa vie, et qui se souviendront de lui, jusqu'au bout. Ils sont nombreux, ils sont une foule.

Frédéric, regarde. Tu es moins seul aujourd'hui que tu ne l'as jamais été. Tu ne l'as jamais été, en fait.