Si vous cherchez une musique tranquille à écouter en fond ou d’une oreille distraite, passez votre chemin. La musique d’Adult. provoque l’auditeur, le met au défi, le dérange parfois. En tout cas, elle ne laisse pas indifférent.
Ce nouvel album du duo de Détroit est la bande-son anxiogène d’une période troublée. D’ailleurs, le clip de "Total Total Damage" a été tourné pendant la période de confinement du groupe et son concept a été complètement réimaginé, compte tenu des circonstances.
Ce huitième album studio s’appuie sur les racines EBM du groupe. Cela se ressent particulièrement dans les deux excellents premiers titres "We look between each other" et "Second Nature" qui contiennent juste ce qu’il faut d’agressivité. Cette très bonne entrée en matière est suivie par un titre plus expérimental, "Don’t reduce me", qui contient son lot de bruitages étranges et sur lequel le chant de Nicola se fait presque incantatoire avec ses intonations à la Siouxsie.
Si les premiers titres restent assez classiques pour le groupe, le reste du disque prend un tournant assez différent. Il est surtout imprégné d’une énergie punk qui se dégage de plusieurs titres : "Why always why", "Total Total Damage" et surtout "Reconstruct the Construct", où les agressions sonores se font plus violentes et laissent peu de répit à l’auditeur.
En plus de vingt ans de carrière, Nicola Kuperus et Adam Lee Miller ont prouvé qu’ils n’étaient pas du genre à faire des concessions et Perception Is/As/Of Deception ne fait pas exception à la règle. Le processus de création de ce disque a été assez particulier, le groupe ayant décidé de travailler dans un sous-sol sans fenêtre, entièrement peint en noir, privé de ses sens et questionnant sa perception. Cela donne un album introspectif et chaotique dont l’écoute se complexifie au fur et à mesure de la progression des chansons. Une expérience quasi cathartique, dont on en ressort un peu groggy mais étrangement satisfait.