Agrypnie a d’abord poussé dans l’ombre de Nocte Obducta, qui à l’heure de la naissance de ce projet, porté par son vocaliste Torsten, avait déjà claqué certaines des plus belles heures du Schwarz Metall – de Taverne au diptyque Nektar, rien à jeter. L’émancipation ne s’est pas fait attendre, Agrypnie (état médical de perte de sommeil prolongé, bon courage à ceux qui en sont affligés) affichant rapidement une volonté de mettre au rebut l’attirail ramenant invariablement Nocte Obducta à son germanisme (rudesse terrienne du riff et lyrisme goethien) pour privilégier un son plus proche du siècle, disons en tout cas pêchu et carré.
Hélas, autant ne pas tourner autour du pot, si le très intéressant 16[485] (2010), suivi du tout aussi cool EP Asche (2011), habitaient encore un véritable espace des possibles entre l’épique et le clinique, la recette d’Agrypnie (guitares chevrotantes, rythmiques martiales et épais glaçage post-metal) a déjà pris un tel coup de vieux dix ans plus tard – reproduite, avalée, parfois joliment perfectionnée par des centaines d’autres – que Metamorphosis, aussi proprement exécuté soit-il, apparaît aujourd’hui à bout de souffle, en plus d’être finalement aussi fade que son titre. Certains albums déçoivent avant de se révéler, mais généralement les germes du reviens-y travaillent en fond de tâche. Ici, on comprend d’emblée que tout, jusqu’au chant unidimensionnel au possible, souffre juste d’une cruelle absence d’inspiration et, peut-être pire encore, de vigueur. Ni bon, ni mauvais, mais du coup on retiendra surtout pas bon.