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Album
22/09/2020

AimA And The Illusion Of Silence

Music For Certain Rituals

Label : Retortae
Genre : ambient / ethereal / ritual
Date de sortie : 2020/09 (CD)
Posté par : Mäx Lachaud

Active depuis une vingtaine d'années, AimA s'est illustrée dans de nombreux projets, le plus marquant restant peut-être Les Jumeaux Discordants. On a pu aussi la voir collaborer avec de nombreux artistes, parmi lesquels INsCissorS, Allerseelen, Nico Guerrero, Northgate entre autres. Elle s'illustre aujourd'hui avec The Illusion of Silence, alias Luca Bonandini, musicien de talent de Turin, déjà auteur de deux albums à mi chemin entre néoclassique, ambient et dark folk : Black Rainbow (2016) et The White Summer (2017). Entièrement inspiré par les anciens hymnes orphiques, Music For Certain Rituals a mûri dans la tête d'Aima pendant dix ans avant que Luca vienne en 2019 y apporter l'environnement sonore adéquat. Et la musique sait porter merveilleusement les chants de sirènes et harmonies vocales.

Autant le préciser d'emblée, c'est le genre d'album où on ferme les yeux dès les premières secondes et on se laisse emporter. Le chant éthéré, les vocalises qui rappelleront sans aucun doute celles de Lisa Gerrard et de Dead Can Dance, l'instrumentation délicate et riche, tout invite au voyage. L'introductif "To the Sun", avec son santour d'Inde et ses flûtes, nous élève vers les cieux d'Orient. "To the Moon" inverse les sons et soutient la langue italienne avec des drones subtils et des notes de piano clairsemées. Mais le caractère évanescent des chants peut susciter une certaine inquiétude ("To the Graces") et le charme ensorceleur peut virer aux incantations presque démoniaques ("To Mars").

Les nappages ambient n'enlèvent à aucun moment la dimension rituelle de l'ensemble, qui se développe un peu plus dans la seconde partie, intégrant des rythmiques et des chants qui sonnent comme des mélodies ancestrales (les magnifiques "The Paetilia Tablet" et "The Turiis Tablet").

Utilisés dans des rituels mystiques, les poèmes et hymnes orphiques du IIIe siècle, qui ont servi de bases aux morceaux, s'adressent autant à des divinités qu'à des éléments cosmiques. Ils gardent la dimension de prières dans la bouche d'AimA jusqu'à la noire mélancolie de "To Death". Il y a tout un travail de recherche et de traduction autour de ces textes anciens et on appréciera le caractère très complet du livret, qui nous permet de nous plonger plus avant dans les conceptions complexes des fidèles de l'orphisme. Un vrai beau travail conceptuel et émotionnel.