Une musique du retour sur soi, susceptible d’ouvrir les portes d’un apaisement. Les espaces créés par Alessandro Incorvaia sur son premier opus solo It Emerged To Hold Me (guitares, échantillons, claviers) ressemblent à une échappée – mais une échappée douce, sans fulgurance : marche en avant vers une compréhension de ce qui nous arrive. C’est un temps de pause, que les hypnoses parsèment ("From one Side to the other, from one Side to the other"). Enregistrée à Londres, cette collection de climats sans frénésie est à la fois introspection et distanciation, une bulle de son dont les reflets légèrement brillants voire aquatiques disent un refus de l’accaparement de votre être par le monde.
Écoutez It Emerged To Hold Me, et vous suspendrez le temps. Dans ces espaces de luminosité diffuse, nous trouvons un non opposé à la disponibilité permanente, à ces sollicitations qui n’en finissent pas mais que nous générons nous-mêmes, sans doute, par nos propres comportements, notre addiction à l’immédiateté. Sans doute le confinement a-t-il fait réaliser cela à certains, dans les ruptures qu'il a imposées mais que nous étions tentés de combler par plus d'immédiateté encore. Pas étonnant de découvrir, après écoute de la chose, que cette collection en forme de rêve éveillé a été composée par Incorvaia au premier trimestre 2021, époque de difficultés personnelles et d’un burnout qu’il évoque publiquement.
Le visuel, magnifique, est signé Uls Metzger (Dogma Noir).