Peu d’artistes peuvent se vanter d’avoir un univers, un véritable univers fait de référence multiples et non pas une étiquette collée par une maison de disques. Alex Sindrome est de ces artistes dont la musique ne s’appréhende pas seulement par ce prisme étriqué. Bien sûr elle est imprégnée de sonorités 80’s froides, mais elle est également bourrée de références cinématographique, littéraires, culturelles.
Fantôme est un album qui a pris du temps, plus d’un an et demi de conception – et l’on peut avancer que c’est probablement le meilleur de la discographie d’Alex Sindrome. La noirceur des paroles contraste parfaitement avec le côté dansant de la musique, des titres comme "Solidaire dans l’Isolement" - véritable tube en puissance – ou "Antonin Artaud" reflètent parfaitement cette dualité, c’est aussi le cas "Norma Jean" avec son refrain glacial ultra efficace. Il y a aussi un côté cinématographique très présent, certains morceaux sont la bande-son idéale pour les nuits sans sommeil, c’est le cas de "Nos Âmes en Noir", de "Sans Issue" ou encore de "Xanaxville" qui possèdent ce côté nocturne, tantôt glacé, tantôt fiévreux. "Misanthrope" Alex Sindrome ? Sans doute un peu, mais surtout capable des analyses les plus fines sur l’humanité et ses dérives, le texte d’ "Horrifiée" témoigne de la qualité de sa plume : "Nos faux pas restent à dénombrer / On est fait pour s'enténébrer / Nos verres sont vides, j'ai vérifié / La vie nous contemple, horrifiée."
Alex Sindrome est un artiste singulier, sans concession. Il ne donne pas de concerts, reste profondément indépendant musicalement, et on se dit parfois que c’est un secret bien gardé de la scène dark, de ceux que l’on préserve un peu jalousement. Fantôme, pour autant, mérite d’être partagé. C’est un disque cohérent de bout en bout, plus concis que ces prédécesseurs, ce qui le fait gagner en intensité. Un disque aussi sombre que notre époque : parfois cynique, mais surtout brillant.