And Also The Trees ont toujours été là. On a même l’impression que leur musique nous berçait déjà à l’école primaire. Ils font partie de notre évolution personnelle et ont contribué à nous ouvrir des horizons à des époques où on est encore très influençable. La coldwave tourmentée de leurs débuts ne les a jamais quittés mais elle s’est affinée, s’est enrichie et s’est apaisée, autour de la voix grave de Simon Huw Jones et du jeu de guitare aérien de son frère Justin. Avec plus de quarante ans de carrière, quatorze albums et un nombre incalculable de concerts, les Anglais n’ont plus rien à prouver mais font preuve de toujours autant d’investissement et de créativité.
Dès "In A Bed In Yugoslavia", le style est là. Les notes de guitares cristallines évoquent un conte situé en Europe de l’est, soulignées par la clarinette de Colin Ozanne, un apport nouveau et singulier au sein du groupe. C’est beau, climatique, sensuel. La batterie de Paul Hill nous enveloppe avec grâce. La poésie de Simon n’a rien perdu de son romantisme imagé. "Beyond Action and Reaction" se fait plus épique encore. On peut dire qu’ils savent toujours en appeler à ce sens dramatique qui faisait le charme d’autres formations post-punk comme Crime & The City Solution ou Echo & The Bunnymen. Les guitares de Justin se déversent comme le chant des anges, si proches du son d’un orgue.
"The Seven Skies" n’est pas sans rappeler les progressions de l’album Virus Meadow alors que "The Girl who walks the City" ne dépareillerait pas aux côtés des fables sans âge de Green Is The Sea. Sûrement un des morceaux les plus poignants de l’album. Le niveau est encore élevé avec "The Book Burners", d’emblée un nouveau classique du groupe avec ses guitares gitanes, sa clarinette jazzy et ses airs folkloriques.
La basse de Grant Gordon et l’harmonica de Paul Hill nous amènent carrément du côté de chez Morricone dans "Across the Divide" avant que la guitare de Justin ne recouvre le tout de ses envolées oniriques. Le reste de cet album, enregistré sur ces trois dernières années, est tout aussi impeccable, et les amateurs seront en territoire connu. "The Bone Carver" est aussi à extraire comme un très bon cru. Pas de révolution donc ni de changements drastiques majeurs, And Also The Trees maîtrisent et affinent encore un univers qui n’appartient qu’à eux, et c’est déjà énorme. Vivement de vivre et voir ces morceaux sur scène !
