Architav, opus V. La couverture est une nature fanée, dont les formes suggèrent l’extinction du domaine sensuel. Chaque seconde était précieuse, la Chine du Ichigo ichie nous avait invités à le comprendre de notre vivant. L’ensemble du superbe travail ambiant de Welk faut écho au temps passé, au temps perdu. Le disque a pour toile l’inexorable marche vers le néant. Une invitation à conscientiser ce que nous préférons occulter. Quelque chose se produira, pour les autres, pour nous.
Michael Belletz (Mnemonic, Sühne Mensch), par sa mise en forme, sculpte une beauté mortuaire. Les percussions aux accents martiaux n’envahissent pas le spectre comme ils le feraient dans le cadre de ce Sophia que Peter Bjärgö s’apprête à faire renaître : la posture est plus retenue ("Der separate Mensch", "Werden und vergehen") mais sa force de suggestion en tire une force. C’est le dark ambient, dans l’expression de tout son pouvoir : chaque seconde vous rapproche du rien, pour peu que vous plongiez dedans, que vous vous immergiez. Les voix échantillonnées, leur effet choral, renforcent la dramaturgie ("Dornenweg").
La forme de cette musique vous happe, quand d’autres impliquent un travail de votre part, demandent à être gagnées. Welk est un superbe bloc d’ambiances et de formes en déprime ("Geistesgift"). Et nul atermoiement ne vaut : à vous retrouver dans le son, vous ferez peut-être de ce moment le meilleur de votre vie. Celui dont vous ressentez au plus fort la valeur, celui qui vaut d’être vécu.
