Après s’être essayé à des sonorités plus électroniques et lumineuses sur Afterglow (2017), Ásgeir revient à ses premières amours sur Bury The Moon - également sorti en version islandaise, intitulée Sátt. On y retrouve la mélancolie et la sensibilité qui imprégnaient In The Silence, son premier album sorti en 2013, notamment grâce aux textes écrits par son père le poète Einar Georg Einarsson, traduits en anglais par Ásgeir.
Comment ne pas succomber à la beauté de "Youth" ? Magnifique chanson sur l’insouciance de l’enfance et la nostalgie d’un temps où l’on trouvait la joie dans les choses simples. "Breathe" qui rappelle un peu "Going Home" - l’un de ses plus beaux titres – "Eventide" et "Living Water" possèdent la douceur caractéristique des compositions de l’Islandais et s’imposent comme les plus émouvantes du disque.
Mais il ne faudrait pas réduire Bury The Moon à un disque triste et mélancolique. Il suffit d’écouter le très bon "Lazy Giants", son refrain accrocheur et ses cuivres pour s’en rendre compte. Ásgeir revient même flirter avec l’électro sur "Rattled Snow" en associant aux machines quelques notes de piano mélancoliques et des cordes sublimes pour un rendu assez époustouflant. Clairement l’un des meilleurs titres de l’album. Le titre éponyme "Bury The Moon" tend lui aussi vers l’électro en y mêlant un piano plus présent et des cuivres, et vient brillamment conclure un troisième album qui ne déçoit pas.
La musique d’Ásgeir parvient une nouvelle fois à toucher en plein cœur. Derrière son apparente simplicité, elle regorge de mystères, de failles et d’ombres, à l’image de l’île dont il vient. L’émotion qui s’en dégage est aussi sincère qu’elle est sobre : il ne faut pas chercher de grandes envolées lyriques chez Ásgeir, il n’en a pas besoin. La beauté délicate de ce disque en est la preuve.