Il est des résonances qui marquent. Audra, naissance à Mesa (Arizona) en 1991, premier album chez Projekt, le second aussi. Des guitares à l’économie pour un binaire légèrement acerbe, tonalité en clair-obscur. Audra a toujours eu cette classe singulière, cette vibration personnelle que trop peu de musiciens se trouvent vraiment et qui ne se dissoudra certainement pas dans le changement de son - ce qui se produisit en 2009 : ce fut Everything Changes, puis plus rien. Jusqu’à aujourd’hui.
Audra : des Américains, une fibre sensible, une voix : celle, maîtrisée et capiteuse, de Bret Helm. Projekt est le label des débuts : terreau de ce qui est peut-être devenu au fil du temps une famille – à tout le moins un chaudron d’élégances et de beautés mystérieuses en lequel se croisèrent des sensibilités, des vies. Des compères de l’époque partagent aujourd'hui du temps avec Helm & co. aujourd’hui, inscrivant communément leurs pas dans le sillage d’une époque féconde : ainsi en va-t-il de Mike VanPortfleet (Lycia), dont les guitares complémentent le paysage de "Planet of me" non sans goût ni à-propos. Ces gens s'entendent, à tous les sens du terme.
La forme générale du disque parle : une fraternité (Bart & Bret) et un certain rock demeurent en Audra. Le physique donne son nerf au disque et c’est nécessaire sur la longueur d’un format LP - mais il n’en demeure pas moins : c’est dans ses exposés les plus spleenesques et nostalgiques que nous préférons aujourd’hui le groupe ("Another fallen Petal", "Drinking yourself to Slee")
Et puis il y a ce qui unifie, ce qui donne l’impression d’un tout cohérent : et que ce soit dans les épaisseurs ou sur les canevas plus délicats, la batterie de Jason DeWolfe Barton (comparse de Bret en formation live, post-2009) n’en fait jamais trop. Une retenue qui se remarque et participe à la création du charme. Les guitares, elles, sont aussi belles qu'avant quoiqu'un peu plus démonstratives. Le disque, ainsi de belle unité, est le fruit d’un dialogue qui s'est maintenu à distance entre Bart et Bret, et recapture in fine une vibration fraternelle unique. Sans doute cette dernière ne s’était-elle qu’assoupie, finalement. Le temps ne peut avoir raison de tout.