Ce neuvième effort succède à Widowing/Possessing (split avec Zeresh) et à The Glow Of Desperation (2021). Une continuité s’affirme : l’exploration d’un son puissant, massivement orchestral. En effet, sur cette dernière offrande, la formation de Billerica (Massachusetts) n’a pas fait les choses à moitié. Plus de soixante-dix musiciens ont ainsi été conviés à participer à ce disque ! Parmi lesquels, des noms prestigieux : Francesca Nicoli (Ataraxia), Agnete Mangnes Kirkevaag (Madder Mortem), Ann-Mari Edvardsen Alexis (ex-The 3rd And The Mortal) ou encore le duo Caroline Jay Clarke / Darren Clarke (Trovatori). Il en ressort une musique savamment arrangée, vigoureuse et épique, digne des meilleures BO hollywoodiennes.
Mais si la richesse texturale explose, l’émotion se perd. Cet opus est fort bien conçu dans le genre héroïque, mais l’ensemble dégage un parfum de superficialité. Pourtant, les hostilités démarrent bien avec un premier morceau oriental et mélancolique, servi par une voix féminine gracieuse. On lorgne alors du côté de Dead Can Dance dans un climat vaporeux très réussi. Tout s’écroule ensuite… "Of Wind, Water and Sand" pousse l’emphase trop loin. Le chant masculin ridiculement opératique évoque les pires moments de Deine Lakaien.
Puis, le reste de l’album maintient un cap solide dans le registre de la soundtrack. Cordes, piano, flûte et percussions s’unissent dans des tempi à la fois élégiaques et exaltants. Les variations d’atmosphères soulignent le propos illustratif ; mais, répétons-le, cela manque globalement cruellement de sincérité et d’audace. Néanmoins, plusieurs pièces attirent l’oreille : "Daydream in Ash Fields" pour sa dimension joyeuse, "Sublimity" et ses ambiances éthérées, "The Stain beneath the Skin" pour ses mélodies tristes à la Ashram ou "And there rises from somewhere (what unnamed Breath shall bring)" pour ses chœurs particulièrement réjouissants rappelant Therion.
Autumn Tears a considérablement développé son art depuis ses débuts au mitan des années quatre-vingt-dix. On ne peut leur reprocher d’avoir du talent, mais attention à ne pas trop se perdre dans une forme de mièvrerie.