Exit Tin Man. Johannes Auvinen, le plus Finlandais des Américains, revient nous régaler sous son patronyme. Exit aussi l’acid house qui avait fait sa renommée, l’auguste musicien propose huit titres serrés, décharnés, d’un esprit drone. L’album est construit, atmosphérique, intello, tout en possédant ce charme expérimental qui distingue les œuvres d’Editions Mego. L’intrigue se noue autour de nappes lyriques, la musique retourne ensuite vers les origines planantes de l’electro, puis pulse inopinément. "Kyläläiset Tanssii" est un morceau choc, aux reliefs tribaux, nappé d’un esprit chamanique transhumaniste. La rythmique progresse sans fin, refoulant les velléités éthérées dans un coin obscur. Nous sommes attentifs aux efforts de notre homme de tisser des atmosphères quasi orchestrales, sublimées par l’usage de la réverbération. Les deux premiers titres alternent entre kosmische obsessionnelle, musique de film et dark ambient farouche. Les cieux s’assombrissent alors doucement et nous sommes happés par un sentiment de torpeur quand surgissent quelques boucles malveillantes. Le calme est inquiet et la patte de l’artiste s’inscrit dans un courant minimaliste bien délimité.
Si Éliane Radigue est invoquée, on constate son dépassement avec la réalisation de motifs denses. Car ici le dénuement est une caractéristique importante, certes, mais pas érigé en dogme. Ainsi, Auvinen trouble parfois notre écoute méditative par quelques accès bruitistes élaborés ("Usvassa Eksyminen", "Kevät Jäät Kilisevät"). La maîtrise est là, et si quelques détours un peu naïfs sont empruntés ("Usvassa Eksyminen", "Kyläläiset Tanssii"), l’ensemble est d’une très grande profondeur. Akkosaari est un disque hypnotique, redevable à Ash Ra Tempel autant qu’à Mika Vainio. On s’émerveille de l’élégance dronesque exposée et de la narration mélancolique proposée par ces sonorités pétries avec grâce. Il y a du GAS dans l’air ("Akkosaari") et l’usage de la répétition est toujours judicieux. Un opus fort bien troussé, une signature d’ores et déjà essentielle du label viennois.