Présenté comme un condensé de son expérience musicale, culturelle et humaine, Svältens Tid constitue le troisième format long du projet suédois Beckahesten après Vattenhålens Dräpare (2020) et Tydor (2021). Quatre sculptures sonores imposantes et marquées par une forme de solennité grave, vibrations sinueuses et puissantes renfermant une mémoire : celles des moments de doute, de résilience, de deuil. Le film intérieur : cette toile que déroulent les créateurs dits "du dark ambient", jusqu’à nous faire frôler, projeter la réalité du vide.
Mais en même temps que ces huiles noires s’étalent sur la pellicule sonore, persiste une pulsion de vie. Beckahesten, fruit d’une synergie enclenchée entre Peo Bengtsson et Per Åhlund (Sophia, Diskrepant, Ditch State), fait œuvre de degrés, de nuances.
Alors le vide est là, oui : celui que votre expérience relie à un malheur, une absence, une souffrance physique ou morale. Il est dans le disque, mais il ne saurait le réduire : dans les voix de Viktoria Rolandsdotter, il y a une plénitude du ressenti, une manière d’être au monde, en même temps que demeure le poids de la réalité physique des choses, de l’inéluctabilité de la fin (les masses rituelles de "Inte Din Tid"). Svältens Tid se veut témoignage de notre condition.
