Ben Chatwin propose ici une réinterprétation des morceaux de son Staccato Signals (2018) par différents musiciens électroniques, dont Steve Hauschildt, Ital Tek, Vessels ou Pye Corner Audio. On ne sera pas surpris de cueillir des ambiances variées, le travail de réappropriation ayant été rondement mené. On retrouve ses climats méditatifs, mélancoliques et ouatés (notamment sur "Fossils (Visionist Remix)" et "Helix (Steve Hauschildt Remix)"). Une certaine langueur ambient est perceptible, les textures planantes dominent particulièrement sur les titres les plus éthérés et dépouillés : "Bow Shock (Paul Corley Remix)" (et ses éléments modern classical) ou "Substrates (From The Mouth Of The Sun Remix)". Ce dernier est une merveille de minimalisme onirique, évoquant le Digital Shades de M83 ou le premier album (homonyme) d’A Winged Victory For The Sullen. Mais une bonne partie du disque témoigne d’une recherche de le mobilité et d’un son dansant, voire carrément club. Ainsi, "Claws (Konx-Om-Pax Remix)" débute doucement, avant d’être secoué par des pulsations, introduisant une electro typée nineties efficace mais un peu convenue. Cette volonté de stupéfier l’auditeur se poursuit sur "Hound Point (Vessels Remix)", dosé en BPM, lorgnant du côté de l’IDM, mais en plus musclé. "Knots (Pye Corner Audio Remix)" est la pièce la plus remarquable à ce niveau. Nappes, rythmique techno, vigueur contagieuse, on se dirige même vers une forme de trance subtile et élégante à la fin. Une conclusion idéale pour un album audacieux et malgré tout cohérent. Quelques défauts sont à relever (sonorités grésillantes discordantes sur "Fossils (Visionist Remix)", monotonie de "Claws (Konx-Om-Pax Remix)"), mais Chatwin a su s’entourer de visionnaires pour produire une oeuvre riche et racée.