Hébergé chez Southern Lord et revendiquant A Silver Mt Zion parmi leurs influences, Big|Brave sonne comme on l'attend. De la lourdeur, c'est le côté grand et fort de leur patronyme ; du courage dans les compositions longues et en tension, une voix perchée qui n'hésite pas à haranguer, c'est la face courageuse de leur nom.
Les thématiques abordées sont sociales et politiques. Le trio formé de Robin Wattie, Mathieu Ball et Tasy Hudson délivre une musique prenante par ses basses, violente dans son approche (larsens, saturations, son très rêche et sec des guitares, notamment sur « Vital ») mais délicate dans ses détails (clochettes, douceur paradoxale de la tessiture féminine et du chant crié incantatoire). Les titres jouent avec la rupture et l'accompagnement, comme cet excellent "Half Breed". Succession d'attaques et de caresses implorées. Plus percussive et frontale, moins évidente que la musique des groupes de Constellation Records (BB a ouvert en 2014 pour Thee Silver Mont Zion), la trace laissée sur ce bel album est forte et marquante. Les alternances non prévisibles de climats obligent à une concentration, maximale et à un investissement dans leurs propositions. Le doublage des voix masculin-féminin sur "Of this Ilk" offre une échappée dans l'agencement des titres. Le résultat global tient parfois plus du manifeste que de la performance en ce sens où la première écoute, primordiale et saisissante, n'aura pas la même intensité au fil des écoutes qui l'apprivoisent. Cinq titres, moins de quarante minutes : il est presque évident de le passer en boucle... On se sent face à un tour de passe de passe qui, s'il ne marche plus de la même façon à la quatrième écoute, libère une connivence. La voix et les bruits furtifs deviennent nos repères, ceux que l'on cherche au milieu du fracas, des silhouettes que l'on prend plaisir à reconnaître et à attendre, comme ce toucher minime de la basse et les échos distants sur "Vital".
C'est ici leur cinquième album, j'avoue ne pas avoir écouté les précédents. Ils ont tourné avec Sunn O))), The Body, My Disco... Pour Vital, ils sont retournés au studio Machines With Magnets en compagnie de Seth Manchester (impliqué dans les enregistrements de The Body, Battles, Hide, Lingua Ignota...). Chez eux, j'aime ce côté sauvage dans la voix qu'avait Queen Adreena (les poses sexy en moins) ou encore Made Out Of Babies, couplé à une folie chamanique qui puise du côté des transes de Wovenhand.