Breath Sun Bone Blood, récente structure cofondée par Yan Arexis (La Breiche, Stille Volk, L’Homme Sauvage, Faction Senestre, etc.) et son associé américain Rob Bees Fisk (Common Eider, King Eider), donne une deuxième sortie au premier album de Braâme, excision du très (très !) bon groupe parisien de dark folk Vesperal, à la seule initiative de son guitariste Damien. Ces présentations faites, reste à traverser sans empressement les espaces étranges de The Fourth Room Of Extinction, dark ambient à l’esthétique certaine, abreuvée de contrastes simples en apparence : carapaces de bruit statique que viennent effleurer des matières nobles, délibérément effacées, débris de vieux envoûtements déchus tournoyant dans l’infini comme les Sounds of Earth planqués dans les sondes Voyager. Entre monodies tristes, ambiances zen et lointains échos du catalogue Cold Meat Industry, Braâme fait entrer en résonance des mondes qui n’ont pas vocation à se regarder dans les yeux, provoquant par là même curiosité et un attendrissement certain.
À travers les titres de l’album et du cycle dessiné par ses quatre actes, de l’Anthropocène où nous nous trouvons à la restitution de la planète par les derniers Hommes, on lit forcément la volonté d’aller chercher du sens dans l’inexorable, et l’on souscrit de bonne grâce à la mélancolie lumineuse qui en découle. Aux derniers instants de "Decaying Flesh feeding the Grass", final aux échos plus tourmentés, on perçoit la chute tranquille décrite par Jean-Pierre Andrevon dans "Le Monde enfin", les crépuscules qui, un jour, s’allongeront sur des vestiges privés de mémoire. Remplissant à la perfection ses obligations atmosphériques et ne fermant aucune piste d’évolution, The Fourth Room Of Extinction propulse Braâme parmi les noms du dark ambient à suivre de près dans les années à venir.