Brieg Guerveno s’inscrit dans une longue tradition de bardes bretons. Fidèle défenseur de sa langue régionale (il a étudié en école et collège Diwan), remarqué par Alan Stivell et invité du Pan Celtic Festival, le guitariste porte haut les couleurs de la Bretagne, cette terre de poètes. Délesté du rock, il se la joue unplugged (malgré quelques incursions électriques) et nous propose huit titres de folk éthérée. Sa voix chaude de conteur romantique sert idéalement des compositions charmantes, à la fois mélancoliques et chaleureuses. Le chant, uniquement en breton, renforce cette impression de dépaysement. Vision médiévale sur "Litoriennig", élévation post-rock sur "‘Vel pa vefemp" et dream pop apaisante sur "Ur Wech adarre", ce troubadour des temps modernes tisse avec grand talent des atmosphères ouatées. Son art subtil aborde des rivages plus spécifiquement neofolk sur "Petra zo bet" et "Litoriennig". La guitare vivace du premier de ces deux morceaux évoque The Hunt d’Ulvesang, une forme musicale délicate et incandescente, faisant ressortir idéalement la complainte du chanteur. Le second, instrumental, est d’une beauté fascinante. Description d’un monde pastoral oublié, la musique est nostalgique et bucolique, invoquant Vàli et Empyrium, appuyée par des cordes élégiaques.
Ce disque est gorgé d’émotions puissantes, sans jamais être larmoyantes. Le titre d’ouverture est notamment très inspiré. Piano, violoncelle et guitare agissent pour nous enchanter, rappelant à notre bon souvenir les élans anciens d’Anathema et de son spin-off Antimatter. Quelques éléments folk plus traditionnels parsèment l’œuvre ("An Treizh", "Tra ma vo") et on relève un clin d’œil à la scène folk psychédélique sur "Tra ma vo" (sur lequel on retrouve la voix diaphane de Nolwenn Korbell). ‘Vel ma vin est une invitation au voyage et à la contemplation : le vent sur la lande, les embruns marins, des menhirs séculaires, un château en ruines au loin… Splendide.