À cette période de l’année, les disques de Noël sont monnaie courante. Certains artistes en sont même devenus spécialistes mais il faut avouer que bien souvent, sur ce genre d’album, la prise de risque est minimale, dans la mesure où il s’agit essentiellement de reprises de grands classiques, réalisées avec plus ou moins de bons goût. Pour autant, la scène indie a déjà tenté l’exercice, c’est le cas de Sufjan Stevens, de Bright Eyes ou encore plus récemment de She And Him. Cette année, c’est le groupe américain Calexico qui s’y colle. On sait que le duo origininaire de Tucson a un certain talent pour déployer de véritables ambiances sur ses disques et possède aussi la capacité d’y mettre une bonne dose de spleen. C’est donc avec une certaine curiosité que nous avons écouté cet opus.
Sur ce Seasonal Shift, point de "Jingle Bells", "Holy Night" ou autre "White Christmas", l’album est composé de chansons originales et de quelques reprises plutôt réussies, notamment le célèbre "Happy Xmas (War is over)" de John Lennon et "Christmas all over again" de Tom Petty. Comme on pouvait s’y attendre, la tonalité globale est assez mélancolique. "Hear the Bells" constitue une belle entrée en matière, où l’on retrouve certains éléments typiques de la musique de Calexico. Le titre éponyme se démarque également par la douceur de sa mélodie, c’est aussi le cas de "Nature’s Domain", sur lequel les violons font des merveilles. 
On retiendra également le très beau "Tanta Tristiza" sur lequel le groupe est accompagné de la chanteuse de fado portugaise Gisela João. Si le spleen prédomine, cela n’empêche pas certaines envolées plus festives, c’est le cas de la chanson traditionnelle "Mi Burrito Sabanero" interprétée par Gaby Moreno, dont l’atmosphère détonne par rapport au reste de l’album, ainsi que de "Sonoran Snoball", certainement le titre le moins convaincant du disque.
Seasonal Shift est un pari plutôt réussi qui pourrait même satisfaire les allergiques aux albums dédiés aux fêtes de fin d’année. Il s’avère une belle manière de conclure une année définitivement pas comme les autres, avec sa dose d’ombre mais aussi ses quelques éclats de lumière et l’espoir que l’horizon s’éclaire à nouveau prochainement.
