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Album
17/06/2024

Camerata Mediolanense

Atalanta Fugiens

Label : Auerbach Tonträger
Genre : neoclassical / martial / darkwave
Date de sortie : 2024/06/14
Note : 86%
Posté par : Mäx Lachaud

Il y a trente ans, l’ensemble de Milan sortait son premier album Musica Reservata et allait marquer durablement la scène darkwave de par ses performances live très impressionnantes conjuguant percussions martiales, clavecin, chant opératique, climat apocalyptique et mélopées ancestrales. De par sa formation classique, Elena Previdi apportait une ambition singulière au projet, qui n’a fait que se développer avec les années, le groupe prenant toujours le temps de penser les concepts qu’il élabore dans chacun de ses disques. Atalanta Fugiens est leur sixième, et s’affirme comme un retour aux racines, même si le chant est aujourd’hui assuré par trois sopranos Carmen, Chiara et Desirée aux tessitures complémentaires se mêlant harmonieusement aux chœurs masculins.

Le groupe a toujours su conjuguer des méthodes de composition anciennes, qui renvoient souvent à la Renaissance, avec des sons étranges, et sur cet album ils ont mis les bouchées doubles en termes de production, puissante comme jamais. On commence sur les chapeaux de roue avec le déjà classique et très mélodieux "Embryo Ventosa" et on ne fait que monter crescendo jusqu’aux excellents "Arpie" et "Draco (Pomum Morens)", qu’Elena a coécrits avec Evor Ameisie (NG), où l’héritage industriel martial refait surface dans des compositions envoûtantes, noires et glaciales. Ambiances angéliques et infernales s’alternent. Dès le second titre, "Rosetum", les voix rappellent les univers d’Ataraxia, The Moon Lay Hidden Beneath A Cloud ou Diamanda Galàs, alors que la rythmique lourde et les synthétiseurs appuient la dimension solennelle et funèbre. La viole de gambe de Giovanna Scarlato se conjugue, quant à elle, merveilleusement avec les voix angéliques de "Rupe Cava" ou les hymnes épiques de "Corallus", alors que les clavecins apportent cette touche baroque qu’on a toujours aimée chez eux ("Hermaphroditus").

L’inspiration vient d’un volume de 1617 au titre éponyme, écrit par l’alchimiste Michael Maier, dans lequel on trouvait à la fois vers, prose, illustrations et une fugue musicale reproduite dans le livret et adaptée à la fin du disque. Camerata Mediolanense ont travaillé dix ans sur ce livre mystérieux afin d’en interpréter les emblèmes avec des compositions personnelles. Toute l’imagerie fascinante et ésotérique reproduite ici est issue de cet ouvrage et fait de cet Atalanta Fugens un album au design de toute beauté, disponible en vinyle ou CD, qui contribue grandement à cette réussite. [À signaler : il existe une édition deluxe avec quatre titres supplémentaires.]

Tracklist
  • 01. Embryo Ventosa
  • 02. Rosetum
  • 03. Rupe Cava
  • 04. Corallus
  • 05. Hermaphroditus
  • 06. Victor Quadrupedum
  • 07. Mercurius
  • 08. Arpie
  • 09. Draco
  • 10. Alta Venenoso