Le post-punk, veine funky-expé. Si vous aviez aimé Gang Of Four, possible que vous soyez intéressés par ces Toulousains. Quand bien même on ne sent pas la même urgence ou frénésie (hum, tentez "Manipulate" et l'efficace "An Alibi", très punk-rock pour le coup), la capacité à faire groover des stridences acidulées offre des similitudes. Le renfort d'un synthé sur ce disque ("Maybe Tomorrow") permet aussi de se démarquer en mode plus expérimental de Fontaines DC, des Danois Ice Age, ou encore d'Idles. Et puis, les compositions prennent le temps de tourner ("Blah blah, blah", mais pas que...) afin de préserver des effets de surprise : l'équilibre est donc difficile à établir. Avoir des tubes identifiables, simples et basiques ? ou bien montrer qu'on aime les complications et les variations d'atmosphères ?
Si on prend "Ha ha ha", en 1mn 45, on a : intro-refrain, couplet 1 avec son break, couplet 2 / break, refrain, pont n°1, pont n°2, solo, variation, couplet 3 / break, couplet 4 / break, refrain, pont n°1, pont n°2. C'est que pour ce quatrième album, le groupe s'est rendu au studio HaHa Sound de Londres, alors, il fallait un titre hommage !
L'intégration de Thomas, cinquième membre, guitariste et clavier, et le remplacement de Robin par Pablo, amènent une unité mélodique plus prononcée avec des riffs qui partagent les notes entre les instruments pour une densité plus forte (voir le break final faussement sixties noise de "Days in the Overground").
La chaleur des compositions est tempérée par un son de batterie plus low-fi (« An Alibi », en mode tribal sur "Innit" : j'aime ce son naturel) et des passages bien froids comme ce "Hostage Taking" central, davantage cold et nerveux (démarrage à la "Buried alive" des Yeah Yeah Yeahs, pour un titre à la Wire, avant un final floydien un peu décevant à mon goût. On a en revanche droit à un feu d'artifice sur "Blood on my Knees" et le groupe se permet de mettre en clip le dernier titre de l'album, le plus lent et le plus long de tous (ils ont trois vidéos qui circulent pour promouvoir Words / Silence, tant qu'à faire !) : celui-ci ausculte les difficultés de l'introspection masquée et l'accession à un château flou et dangereux, la métaphore classique est astucieusement mise en scène.
