Ceux qui aimaient Ceremony pour le son punk hardcore des débuts ont dû être quelque peu désarçonnés par l’évolution du groupe. La signature chez Matador et l’album Zoo paru en 2012 laissaient déjà entrevoir un virage plus post-punk mais c’est véritablement l’album The L-Shaped Man (2015) qui a enterré la violence inhérente à la musique du groupe. Largement inspiré de Joy Division, cet album de rupture amoureuse, qui respirait la tristesse et le spleen, a permis au groupe de sortir des morceaux intemporels tels que "Exit Fears" ou encore "The Separation". Quatre ans plus tard, les Californiens ont délaissé le label new-yorkais au profit de Relapse Records. Un choix qui peut surprendre compte tenu de la domination du metal dans les sorties du label, mais ce dernier s’est déjà essayé au post-punk avec la sortie en 2015 de l’excellent premier album de Publicist UK, Forgive Yourself et même à la synth-pop plus récemment avec The Strife Of Love In A Dream de Miracle.
On peut le dire d’emblée : In The Spirit World Now n'a pas l’austérité de son prédécesseur. C’est un disque plus lumineux, à l’image de l’artwork. On retrouve les ingrédients classiques du post-punk mais on note également un son plus synthétique, avec la présence de claviers et de machines, à l’image de la basse qui claque sur "Turn away the bad Thing", l’énergique premier single, du titre éponyme aux influences 80’s ou encore de la batterie martiale de "Further I was". Après ces trois premiers morceaux qui fonctionnent plutôt bien, le groupe donne l’impression de tâtonner. Il s’essaye à nouveau au registre plus romantique avec "Presaging the End" ou "Calming Water", mais sans la réussite de l’album précédent. Il tente également de se faire à nouveau plus agressif comme sur l’express "Never gonna die" sans convaincre totalement.
Le disque défile vite – à peine plus de trente minutes – et si le groupe semble avoir renoué avec une certaine forme d’énergie, il a clairement perdu en émotion. Là où The L-Shaped Man parvenait à toucher, ce sixième album laisse plutôt froid. Sans doute manque-t-il des titres forts qui sortent du lot surtout vers le milieu de l’album où l’on peine un peu à distinguer les titres les uns des autres. Une chose reste sûre : impossible de reprocher à Ceremony de rester enfermé dans un style.