Que voilà un chouette album de cold-rock et de darkwave. Après une intro sépulcrale, les titres s'enchaînent et les invités y vont chacun de leur single, comme si cet Even When We Fall Apart était une compilation-project. La musique et ses tonalités font adhérer l'ensemble et créent un corpus élégant et racé, parsemé d'émotions. La batterie sonne judicieusement bien, éveillant immédiatement les bons souvenirs étalés de 1979 à 1989. Les nappes de claviers permettent à l'acidité des guitares de prendre sa place, sans grincements trop typés (même si "The only Way" a tous les attraits d'une danse morbide pour des caves batcave et que Linda Lace de Virgin Tears a ici un écrin pour sa voix de prêtresse gothique).
Marco Cattani (Halo Effect, The Mark) se fait plaisir avec ce rassemblement. C'est une sorte de rituel messianique qu'il a mis en place, un cérémoniel où chacun à tour de rôle prend la voix et expose ses griefs, ses doutes, ses espoirs. Le partage se fait communion sous l'égide d'un tragique bleu - la pochette est signée Henri Sizaret / Aka(33). Chacun apporte ses ambiances, guidé par des compositions réfléchies et efficaces ("The Sphinx" trait d'union entre new wave et cold gothique, sur un poème d'Oscar Wilde). L'interlude "Fall asleep", un instrumental là encore, introduit la seconde partie du disque, conçu comme un vinyle. L'atmosphère se fait plus douce, à mesure que la nuit avance ou que le bouquet de fleurs se met à sécher sur le visuel de la pochette. On retrouve la tendresse d'un délicat Depeche Mode grâce à "Hymn", suivie d'un assaut morbide servi par Antiflvx. La batterie dresse son envoûtement, digne d'une chute du If I die, I die... Changement de braquet étonnant avec le tube new wave bondissant co-signé par Egoprisme.
Le concept joue à plein, n'offrant pas un album classique, mais une suite de morceaux conçus comme des cartes de visite et des retrouvailles. En ces temps où le confinement va être la règle pour un bien long moment, ce rassemblement prend une dimension toute autre.
