Forgotten Hill est un disque dont on ne se lasse pas. Même après plusieurs écoutes, on reste envoûté par l’élégance distillée par ce diable de Chihei Hatakeyama. Nous connaissons le talent du Japonais, qui depuis près de quinze ans est l’un des fleurons de la scène ambient minimaliste mondiale, mais là encore il nous cueille ! Il s’agit d’une oeuvre empreinte de nostalgie, évoquant le voyage réalisé par le musicien dans la région d’Asuka, autrefois riche et prospère. D’ailleurs, cette idée de décrire en musique un lieu sur le déclin rappelle indubitablement la démarche d’un certain Brian Eno avec le morceau "Dunwich Beach, Autumn, 1960 (Ambient 4. On Land)".
La découverte du patrimoine religieux et naturel de cet endroit a donc été la source d’inspiration de cet opus traversé par des souvenirs d’enfance et une forme de spiritualité rurale. Une félicité constante nous accompagne tout au long de ces neuf plages relaxantes. Hatakeyama traite toujours avec maestria ses instruments pour un rendu prodigieusement atmosphérique et romantique. Volutes sonores, nappes et drones légers sont au rendez-vous, selon un schéma de boucles hypnotiques calmes. Ode aux paysages oniriques, réflexion sur le temps qui passe, Forgotten Hill est remarquable, dévoilant son charme discret à son rythme sans jamais perdre son équilibre. On se rapproche par moments de la new age (la partie à la guitare acoustique de "Fugitive from Wisteria filed" fait penser à Will Ackerman), on relève quelques clins d’oeil à The Pearl d’Harold Budd et Eno sur "Cherry Blossom Petals fall like heavy Snow" et l’ensemble est porté par une réverbération triomphante, liant l’art du Nippon à celui du prodige de la guitare ambient, l’Américain Jeff Pearce.
Pas une note discordante. Un bien joli cadeau que nous fait cet artiste incontournable, qui prouve une nouvelle fois que productivité n’est pas synonyme de mauvaise qualité.