Il y avait pot commun, berceau d’influences communes, et l’exercice est collaboratif. C’est une quête de spatialité, où un grain délicatement psychédélique ("Beyond the farthest Star") jouxte une optique plus classiquement ambiante ("The Voyage Home"). Sur l’ensemble de Fantastic Journey, The Circular Ruins et Mystified posent le décorum d’histoires qu’ils resituent volontiers dans une tradition ancienne de la littérature imaginaire. Les Grands Anciens sont cités (Verne, Wells…) et leur œuvre nourrit en secret ces déploiements sonores étendus et immersifs. Oubliez la montre, la majorité de ces abstractions sonores oscille entre dix et treize minutes. Elles flirtent avec le ténébreux mais privilégient une approche nuancée et de lumière diffuse. Clair-obscur en fond de tâche, pour des fruits lancinants (le final "Center of the Earth").
Circular Ruins (alias Anthony Paul Kerby) et Thomas Park (Mystified), déploient des manières à l’ancienne à partir de leurs outils favoris : samples, synthétiseurs, field recordings. Et le son grandit en vous. Et vous aurez parfois l’impression d’écouter une musique sans âge, quoique technologique. Dans les textures perce ponctuellement un rétrofuturisme, mais cette dimension ne s’impose pas uniformément et encore moins sur toute la longueur du disque.
C’est un ensemble posé, dont la première parution date de 2013 mais à laquelle Cold Spring voulait redonner une existence physique (remasterisation de rigueur, signée du précautionneux Martin Bowes, d’Attrition). Une musique illustrative et texturée, tout en flottements et créant une ambiance propice au recueillement et à la lecture. En résumé : ressortez vos vieux classiques et faites chauffer le canapé.