Si l’esthétique musicale de Clan Of Xymox a évolué sur sa première partie de carrière, la pose reste comme figée en style et manières depuis 2006-2007. Spider On The Wall est le seizième album de Ronny Moorings (nous incluons au décompte les disques parus sous le nom Xymox) et depuis au bas mot Notes From The Underground (2001, réédition 2007), le protagoniste principal a ancré son projet dans un son dancefloor et typé darkwave. Depuis le milieu des années 1990, le fond d’ambiance a quant à lui assez peu varié, Moorings appareillant ses mélodies frontales pour un réveil du souvenir du rock gothique 80’s. La phase finale du cru 2020, avec des titres tels que "Black Mirror", "My new Lows", offre une fois encore des exemples, plutôt flamboyants, d’une tendance au maintien de la tradition.
Sempiternel constat : Xymox est conservateur et Spider On The Wall se refuse à changer quoi que ce soit à ses habitudes. Il n’est rien de plus ici à ce que l’on pouvait exprimer à propos des disques parus ces quinze dernières années. Le son s’est comme figé et sauf à être devenu sourd, quel aficionado pourrait ne pas retrouver ses points de repère essentiels ? Nul ne se lassera du timbre medium-grave de Moorings, mais il y a ce revers: Spider On The Wall présente une musique dominée par le gimmick, et dénuée de toute prise de risques. Paysage plaisant par sa familiarité, ne le nions pas, mais dont l’absence de surprises interroge sur les motivations profondes. Moorings, il est vrai, garde piètre souvenir de la perte de contrôle qui brouilla les repères des fans au début des années 1990 – et sans doute ceci l’invite-t-il, consciemment ou pas, à préférer la sécurité des rails.
Reste, indéniable, l’efficacité des mélodies. Toutes les chansons, à leur manière, fonctionnent et Spider On The Wall est une collection de tubes. C’est un compliment. Les ballades, gorgées d’une froide mélancolie (le titre éponyme), stabilisent quant à elle une substance romantique : ça aussi, c’est dans l’ADN, ce à quoi les mid-tempi ajoutent une morsure cinématographique ("When We were young").
Nous ne bouderons donc pas plaisir mais impossible de mentir sur le ressenti profond : il serait bienvenu d’actualiser (sabrer) certains sons, franchement cheap (les 80’s n’ont pas que des vertus) ; et, ce faisant, proposer un renouvellement de l’expérience, tant sur les plans sonore que visuel. Une identité peut se défendre, et la repenser n’est pas perdre son âme.