Les rééditions de Coil pleuvent par le biais de Cold Spring et Dais Records ! Tandis que l’un réédite l’un des chefs d’œuvres de la paire Sleazy/John Balance, l’indispensable Music To Play In The Dark, Cold Spring vient de sortir le 23 octobre dernier un double CD compilation de ce duo cultissime tristement défunt.
À l’origine, ce best of était paru en deux parties via le label Russe Feelee dans le but de préparer la venue de Coil dans le pays pour sa toute première performance là-bas. La première partie sortie en 2000 à mille copies sous le titre A Guide For Beginners: The Voice of Silver rassemble les meilleurs titres cold-ambient lunatico-lunaires et spectrallo-mystiques du duo, en tout cas selon les goûts d’Ivan Pavlov, initiateur du projet à la base. Précisons que Pavlov a été un collaborateur de Coil et sort encore des disques solo sous le nom de COH (prononcez comme si c’était le mot anglais "sun"). La deuxième partie parut quelques mois plus tard avec un choix de titres plus rythmés et plus industriels. Le tout fut regroupé et réédité une première fois en un coffret double CD sous le titre The Golden Hare With A Voice Of Silver via le label de Coil, Eskaton, distribué à l’époque par World Serpent, spécialiste des musiques neo-folk.
Cette superbe nouvelle réédition n’apporte rien de plus mais permettra aux néophytes de découvrir par ce biais de nombreuses et succulentes facettes de Coil en un seul achat. Comme tout best of, il contient plein de morceaux évidents et inévitables, d’autres plus surprenants et il manque fatalement tout plein de personnal faves. Tout best of reflète surtout les goûts de celui qui est responsable du tracklisting, à savoir pour ce projet, je me répète, ce sacré biberonneur de vodka d’Ivan Pavlov.
Cela étant dit, il faut bien reconnaître que le choix sur le premier CD, à tendance "ambient néo-païen", est excellent, voire carrément un sans faute. Difficile de préférer "Are you shivering" à "Ostia" ou "The lost Rivers of London" à "The Dreamer is still asleep". Ces morceaux sont d’une telle perfection aliénée-aliénante et étrangement inquiétante que l’on en reste coi. Et que dire de "Who’ll fall", composé à partir d’un sample magnifique d’un sublime titre électro-analogique et épuré créé par Popol Vuh pour la B.O. d’Aguirre d’Herzog ? Ce morceau est aussi connu dans une version très légèrement différente sous le nom de "Is Suicide a solution ?" paru en single 45 tours en 1993 pour la série Clawfist Singles Club, sous-label du Londonien Vinyl Solution, qui a sorti dans la même collection des singles de Gallon Drunk, Nurse With Wound ou encore Terminal Cheesecake.
Le deuxième CD, A Guide for Finishers: Golden Hair, est plus à l’avenant avec des choix très surprenants (mais tant mieux !) telles les onze minutes de "First dark Ride" originellement paru sur le maxi Nasa Arab sous le sobriquet Coil vs. The Eskaton. Les choix des relativement anecdotiques "Scope", "Red Skeletons" ou encore de "Further back and faster", seul représentant de l’album Love’s Secret Domain, est encore plus étonnant, mais bon… Il y a quand même les "hits" "Solar Lodge" de Scatology, "The anal Staircase" issu de Horse Rotorvator ou la version Backwards de "A.Y.O.R." enregistrée en Louisiane dans les studios (aujourd’hui détruits) de Trent Reznor au beau milieu des 90’s.
Notez pour les fans qui penseraient pouvoir se passer aisément de ce best of que deux titres sont exclusifs à cette compilation, en tout cas dans la version où elle nous est présentée. "A cold Cell", rebaptisée "Cold Cell" pour The Ape Of Naples dans une version légèrement différente. De même, "Batwings (A Limnal Hymn)" connue pour être l'un des sommets de Musick To Play In The Dark Vol. 2 a une intro inédite de huit secondes avec un enregistrement d’engin motorisé. Ce sont des détails, certes, mais on est fan ou on ne l’est pas…
Pour finir de vous convaincre de la nécessité de l’objet, ce double disque (surtout A Guide For Beginners…) illustrera à la perfection tous ébats sexuels et fera durer le plaisir encore et encore pour des orgasmes répétés et infinis. Véritable guide des plaisirs de la chair, la musique de Coil, pourtant ou parce que, on ne peut plus mélancolique, bouleverse le système endocrinien et crée vraisemblablement et mystérieusement des micro-marées internes qui ne demandent qu’à jaillir en cascades incontrôlables et délicieuses. C’est toute la magie de Coil, testée et approuvée.
