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Album
30/11/2023

Collection d’Arnell Andréa

A Forest Inside

Label : Trisol
Genre : ethereal / electro / darkwave / neoclassical
Date de sortie : 2023/11/01 (digital)
Note : 85%
Photographie : live Cognac (2019) | O. Seguin
Posté par : Emmanuël Hennequin

La tentation technologique : pas une première. En cette place prise aujourd’hui par les substances synthétiques dans le son de Collection d’Arnell Andréa, un confort plus que mystère ou surprise : les machines font partie de l’ADN, une partie du fond de catalogue le dit et Jean-Christophe d’Arnell, fondateur du projet, est un maître d’œuvre dont les impulsions et apports, sur les temps les plus récents, ont été mises en valeur voire ont sourcé une transfiguration du son original par un autre adepte des machines : Pierre-Emmanuel Mériaud, à l’œuvre derrière le bloc de remakes A Recrafted Winter (2019).

Nouvelles vagues 2023 – et pour sa suggestion hivernale, le nouveau recueil de compositions originales met donc l’accent sur une essence de synthèse. De la synthèse, n’imaginez pas un son mastoc, beat en boucle bêtasse. Le contraire : le machinisme de CdAA est une robotique de la délicatesse, porteuse des fragilités du vivant. Vibration romantique : coutume et marque de fabrique, irréductible. Manière de nous plonger dans l’évidence mystérieuse de notre relation à la nature, quand bien même son oubli nous rongerait.

Les flux hypnotiques du groupe forment transe douce, invitation à la danse – mais pas une danse de frénésie, celle plutôt de la perte de contrôle, du laisser-aller. L’énergie que contient un titre comme "Realms of Memories", c’est à vous de l’imaginer. Enrichissez la trame apparente de votre palette mentale et sensible, votre pigment se retrouve dans le son, textures en superposition à l'existant, jusqu’au tourbillon. Musique filmique, au plus pur sens du terme, et qui vous ouvre toutes marges de manœuvre. 

Suggestivité, mais pas seulement : CDAA impose ci ou là des formes en majesté, comprenez autosuffisantes (les allusions orchestrales de "Pieces of Rain", duvet magnifique). A Forest Inside, disque d’émotions et de métier : un bloc senti, d’unité et de stylisation forte. Alors coups de cœur en sélection, d'accord, mais tout est beau, alors procédé sans exclusive : "Waiting for Meaulnes", pour son emprise typée darkwave, "A Blackbird in a dark World", pour cette puissance enténébrée qui rappelle (un niveau de guitares en moins) les vibrations les plus ouvertement gothiques de l'intense Bower Of Despair (2004). "Fading in Time" enfin, car il faut bien s’arrêter : pour son spleen technologique, ses refrains poignants, son échappée orchestrale.

Tracklist
  • 01. The Colour of Your Mind
  • 02. The Realm of Memories
  • 03. Pieces of Rain
  • 04. Snowdrops in a Grove
  • 05. Waiting for Meaulnes
  • 06. My Heart, a Storm
  • 07. A Blackbird in a dark World
  • 08. Fading in Time
  • 09. A Chapel of Rest
  • 10. A Forest inside
  • 11. Longing for a new Spring
  • 12. Lichen on my Name