Le retour à la scène de Corpus Delicti, depuis 2022, est vécu comme un réenchantement par les adeptes. La musicalité de ces enfants de Bowie et The Cure, servie par le nouveau batteur Laurent Tamagno (porteur de l’héritage rythmique de la frappeuse historique Roma, empêchée pour raisons de santé) trouve en concert une superbe... ce dont témoigne From Dust To Light : un tout premier opus live officiel dans la discographie des Français.
Peaufiné par Téo Sarfati et Franck Amendola (guitariste du groupe), le mix fait surgir la vibration physique, percussive et puissamment intimiste du son du projet gothique niçois. Les trois premiers albums studio – le bloc "traditionnel" - monopolisent les attentions du groupe en concert, même si des nouveautés sont depuis peu susceptibles de compléter les setlists et laissent très sérieusement espérer de nouvelles productions originales dans les années à venir.
Les guitares d’Amendola, arachnéennes, remplissent l’espace de cette coagulation acide qui nous fait rapatrier ce son vers une école plus américaine (Mephisto Walz, Christian Death, Shadow Project). Elles contribuent fortement à la marque de fabrique. La percussion de Tamagno marque par sa précision, son tranchant, et la section rythmique qu’il forme avec l’historique Christophe Baudrion est pesante, chirurgicale dans ses phrasés, vénéneuse en intention. Elle mord. Le fond de catalogue revit alors en concert dans des couleurs qui respectent la forme et l’esprit des versions originelles (quand bien même le nerf et la tension de l’instant live expliquent que certaines choses soient jouées un peu plus vite – cf. "Patient").
Le concert a été capté à Mexico City, où le groupe s’est découvert un public fervent. Les territoires visités hors France leur ont aussi fait prendre conscience d’un phénomène de transmission lié à leur musique : si le groupe a vieilli avec son public, de nouvelles générations de fans se montrent à ces nuits, preuve de l’instauration d’un culte susceptible de durer au-delà des générations ayant vu le quatuor débouler dans les 90’s.
From Dust To Light vous rapproche de la réalité d’un son live. Une expérience en soi, et qui touche par divers constats : la précision de la voix, l’unité du groupe, sa capacité modulatoire, le maintien stylistique. Un Corpus Delicti tel qu’en ses premiers jours, bonifié par son expérience et dont la musicalité vise à la fois puissance physique ("Broken"), implication émotionnelle ("Firelight", "Motherland") et élégance des exposés. Le groupe conclut par le diptyque qui dit toute sa suggestion cinématographique et sa puissance dramatique : "The Lake…/… of all Desperations", moment que vous emportez avec vous… jusqu’à une prochaine fois, puisque les chances de les revoir, en chair et en os, demeurent aujourd’hui plus fortes que jamais. Une authentique résurrection.