La scène synthwave française regorge de talents. Et si l’on pense évidemment et souvent à Perturbator ou Carpenter Brut, ils n’en sont pas les seuls représentants. Dan Terminus s’est lui aussi taillé une solide réputation dans ce milieu notamment grâce à sa signature chez Blood Music en 2015, qui est aussi le label de Perturbator. Après ses deux très bons derniers disques, The Wrath Of Code (2015) et Automatic Refrains en 2017, Dan Terminus est de retour avec Last Call For All Passengers. Son cinquième album, déjà.
La synthwave de Dan Terminus est très influencée par l’univers cyberpunk. Son premier opus, The Darkest Benthic Division (2014) était d’ailleurs un magnifique hommage au film culte Blade Runner. Quant à The Wrath Of Code, il constituait un véritable concept-album cyberpunk. Last Call For All Passengers est toujours "100% Cyberpunk" selon les dires de Dan Terminus ; mais il a expliqué que cette fois, les chansons sont indépendantes les unes des autres. Elles ne racontent pas une histoire. En revanche, il s’agit d’un album spécial pour le musicien, puisqu’il a été écrit après un burn-out qui a failli lui coûter la vie. D’après lui, ce disque parle de "vivre dans le moment présent et de se débarrasser de ce qui n’est pas nécessaire."
Sur la forme, cet album revient à des formats de chansons beaucoup plus courts – là où plusieurs titres d’Automatic Refrains dépassaient les sept minutes – et à des structures moins complexes. La pochette de l’album, toujours signée Luca Carey, est également plus limitée en termes de couleurs. Comme une volonté de se recentrer, d’aller à l’essentiel.
Et cela se ressent aussi dans la musique : les morceaux pulsent d’entrée, sans compromis, comme sur "Oubliette", "Disfigured" ou "Multitude" : de véritables déflagrations sonores. Mais cet album sait aussi faire dans la subtilité… à l’image du très bon "Requiem", dont la rythmique change à mi-parcours et devient mélancolique avant de repartir de plus belle. On retrouve également ce genre de cassure sur "March" et "Abattoir", sur lesquels les nappes de synthés viennent merveilleusement contrebalancer la brutalité des morceaux. Quant à "Ruins", le premier extrait, il est un parfait exemple de la richesse de la musique de Dan Terminus en trouvant le juste équilibre entre douceur et agressivité. Définitivement l’un des meilleurs titres du genre de l’année. Enfin, comment ne pas évoquer "Excalibur" ? Ce titre final, en forme de voyage à lui tout seul, vient conclure en beauté.
Si on peut parfois reprocher à certains artistes synthwave de faire un peu toujours les mêmes morceaux, ce n’est clairement pas le cas de Dan Terminus. En se renouvelant d’album en album, en poussant toujours plus loin l’expérimentation, il s’impose comme l’un des meilleurs représentants du genre. Last Call For All Passengers est un album dont on ressent chaque pulsation, un album qui gagne en profondeur à chaque écoute et qui démontre que la synthwave peut être une musique riche et novatrice.