Cela fait maintenant une bonne dizaine d’années que Darkthrone est sorti du strict giron du black metal. Une seconde partie de carrière réjouissante, agrémentée de pépites crust punk (Circle The Wagons), qui montre l’extraordinaire créativité de Fenriz et Nocturno Culto. Sur Eternal Hails….., les Norvégiens rendent une nouvelle fois hommage aux glorieux porte-étendards du heavy metal. La marque Darkthrone est clairement identifiée sur ce dix-neuvième album, bien qu’il ne fût pas enregistré au studio Necrohell II, mais au Chaka Khan d’Oslo. Bénéficiant de la présence de deux ingénieurs du son, nos compères ont pu se concentrer sur le pur aspect musical.
Il résulte de ces sessions cinq longs titres enlevés, épiques, habiles et pleins de breaks. Résolument rétro, ils sont pétris d’influences des années soixante-dix/quatre-vingt. Ainsi, le chant rugueux de Nocturno Culto rappelle indubitablement celui de Tom G. Warrior. Celtic Frost reste d’ailleurs l’une des inspirations les plus manifestes du duo (des éléments proches du légendaire To mega Therion sont discernables sur "His Masters Voice"). Fenriz n’a jamais caché sa vénération pour les formes métalliques anciennes, plaçant dans son panthéon personnel des pointures telles que Leif Edling (Candlemass), Tony Iommi (Black Sabbath) ou Cliff Burton (Metallica). 
Ce tribut payé à leurs congénères permet ici des moments savoureux, furieusement balancés, entre speed intrépide ("Wake of the Awakened", "Voyage to a North Pole adrift"), thrash archaïque ("His Masters Voice", "Hate Cloak"), NWOBHM triomphante ("His Masters Voice", "Wake of the Awakened", "Voyage to a North Pole adrift") ou doom solennel ("Hate Cloak", "Lost Arcane City of Uppåkra"). On relève des solos judicieux apportant une musicalité intéressante aux compos du combo de Kolbotn ("His Masters Voice", "Hate Cloak", "Lost Arcane City of Uppåkra"), et même un peu de claviers (Mellotron, Minimoog Voyager). Darkthrone est décidément un magnifique électron libre.
