Légende de la musique électro en France, auteur d'albums qui ont fait date chez Gigolo Records (Le Catalogue Électronique en 1999, Kill Your Radio en 2004), David Carretta nous revient plus de dix ans après Rodeo Disco (Space Factory, 2008) avec peut-être son meilleur disque à ce jour tant ce Nuit Panic conjugue toutes ses influences avec un sens de la mélodie imparable. Très marqué par les années 1980, son style a collaboré, à l'instar de musiciens comme Adult., I.F. ou Le Syndicat Electronique apparus au même tournant des années 1990/2000, à remettre au goût du jour les synthétiseurs vintage et les sons analogiques. Et tout est rassemblé ici pour le meilleur effet.
L'esprit minimaliste de Telex, Martin Dupont ou Absolute Body Control se ressent dès le très synthpop "Visage" et son chant vocodé en français. Toujours dancefloor friendly, "Dark Candies" mêle italo disco et electro de la vieille école avec goût, alors que "Come here come again" se la joue plus martial, EBM et new beat, tout en gardant des traces du "Sleeper in Metropolis" d'Anne Clark avec des ambiances que Carlos Perón n'aurait pas reniées. "En Cas d'Urgence" touche à une techno industrielle plus délirante alors que "J'ai Peur de mon Ombre" évoque du pur Front 242 période Geography. On flirte parfois même avec le space disco ("Destination l'Amour") et des déclinaisons plus happy, avec un humour bien caractéristique de l'artiste ("Le Prince de la Cuite").
Le ton se fait plus cold avec le très beau "Accident sentimental" alors que "Never Control Part 2" renvoie aux titres les plus sombres de Luke Eargoggle. De l'electro à rendre accro le public goth. "Vision parallèle", sorte de réinterprétation de "Visage", finit par une sorte de rencontre entre le Kraftwerk de Computer World et les soundtracks, comme issu de la BO d'un film de Michael Mann du début des années 1980 ou comme du Patrick Cowley mais avec ambiance de clubs gay et le soleil californien en moins.
Au gré d’une production limpide et une énergie puissante, Nuit Panic nous balance ses constructions hypnotiques pour nous tenir sur la piste de danse, assumant pleinement son côté rétro-futuriste, comme sur le clip vintage de "Visage" où l'on sent néanmoins une bonne ironie quant à la culture contemporaine du selfie. Car si la musique de David Carretta ressuscite le froid des machines, elle n'en est pas moins actuelle. Un retour plus que réussi.