Cheveux au vent, œil languide, David Granström s’avance tel le messie d’un nouvel âge électronique… Le Suédois fait ici preuve d’audace, chevauchant les éléments, maniant l’expérimental avec sapience. Empty Room ne se détaille pas, ce disque est un bloc de marbre aux veines symétriques. Cinq titres comme autant de fugues terriennes et aériennes, nous invitant à vibrer schématiquement dans un ailleurs monochrome. Les nappes tombent et se relèvent, la ronde est infinie, entraînant nos âmes saisies aux confins d’un univers musical envoûtant. Le travail harmonique est exceptionnel, flottant et limpide, rejetant l’originalité au profit de l’hypnotisme. Des touches de Fennesz apparaissent çà et là, la méditation s’amplifie au fil du temps, un sentiment de torpeur nous accable même sur "Transience".
Tout est dans la boucle, les micro-variations n’engendrent que réflexion, sérénité et relâchement. Les drones sont obsédants, on perd totalement les notions de temps et d’espace sur "Occultations", morceau intense et dark, presque émotionnel. Et la douceur la plus simple nous cueille également au moment où l’on s’y attendait le moins. Notes mélancoliques, vibration cosmique teintée de new age distingue ainsi "Sapphire Visions", pièce courte et charmante. Granström agit comme un jardinier, semant des graines avant de les laisser s’épanouir à leur guise. Une forme générative contrôlée qui remplit pleinement son office. Les sons vont et viennent dans un ordre cadencé. Profondeur, obscurité et onirisme s’invitent au milieu de ces volutes atmosphériques éternelles, suivant la logique de systèmes ésotériques. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! L’album est donc une réussite complète ! Le musicien distille une magie onctueuse dans ce format de quarante minutes, puisant son inspiration parfois aussi dans la maîtrise guitaristique bourdonnante de Sunn O))) ("Obsidian"). Des références bienvenues, amplement digérées, permettant d’aboutir à la création d’une œuvre d’ambient essentielle et intelligente. Chapeau !