The Duelist est une super coproduction russe dont l’action se déroule au XIX e siècle à St Pétersbourg. On vous épargne l’histoire de vengeance somme toute assez classique, il faut juste savoir que tout est prétexte à créer de jolies scènes de duel au pistolet plutôt originales. Le problème reste qu’Alexey Mizgirev, le réalisateur, abuse malheureusement de la contre-plongée, et comme jamais auparavant dans un film. Jusqu’à l’overdose.
A-t-il voulu rendre hommage à son compatriote artiste constructiviste Alexandre Rodchenko, pionnier de l'utilisation expressive de ce choix de prise de vue ? Cet axe est censé donner un sentiment de supériorité et de grandeur, de force, et de domination en exagérant les perspectives. Mais lorsque le procédé est utilisé à outrance, comme dans The Duelist, l’incompréhension domine putôt. Pourquoi ce choix ? Quel message cherche-t-il à envoyer ? Il semble vouloir magnifier son film entier de cette façon, avec une photographie chiadée et souvent impressionnante (les scènes sur les îles Aléoutiennes sont superbes), mais quand les prises de vue sont constamment en contre-plongée et de rares fois en plongée ou volontairement bancales, on ne sait plus quel sentiment, quel décor ou quel personnage en particulier est censé être magnifié.
Le sentiment général est que le réalisateur n’est intéressé que par la noblesse, comme nostalgique d’une certaine aristocratie et de la Grande Russie d’avant la Révolution d’Octobre. Les autres classes sociales ne semblent avoir aucun intérêt pour lui. Est-ce bien ce qu’il veut dire avec son film ? Cherche-t-il à nous forcer à être sans arrêt en admiration devant ces nobles d’un autre temps qui ne pensent qu’à sauver leur honneur bafoué par le biais de duels ridicules et meurtriers ? Difficile de savoir. Demeurent quelques scènes mémorables et bien réalisées, mais le film dans son ensemble s'avère une purge prétentieuse et vaine.
Un gâchis.