La quête atmosphérique de Desiderii Marginis ne s’est jamais interrompue ; et en 2023, à travers l’édition physique chez Cyclic Law de ce travail paru en juin 2020, persiste ce feutre de synthèse, grisâille niche de poussières existentielles.
Se concentrant sur les impressions paradoxales de Levin quant à cette capacité de tout humain à faire le bien autant que le mal (le disque est présenté de la sorte), Desiderii Marginis pose sur Serenity / Rage un décorum à la fois familier et ambivalent. Une violence sourde se fait jour plus frontalement dans certains aplats : la reprise de "Necrose Evangelicum", à cet égard, fait bel effet. Classique du fond de catalogue de Brighter Death Now (projet harsh noise industrial de Roger Karmanik, fondateur de Cold Meat Industry), le morceau gagne oppressive majesté dans ces nappes signées Levin, au bruissement aquatique et cosmique. La version de Desiderii Marginis se veut plus ample et spatiale que la création de BDN, dont jaillissait la même et trouble religiosité, mais dans une résonance plus ouvertement noire et un spectre sonore plus compact. Expériences à enchaîner l’une à l’autre, essayez : deux choix de production, deux époques, deux visions.
L’effet d’oppression n’est pas recherché que dans la réinvention du morceau de Brighter Death Now. Cette tendance creuse par le fond l’ensemble de la sculpture sonore, ce dont témoignent les épaisseurs de "New Flesh on the Demon Cold" ou "I think it was a Sunday". Un exercice de style, radical et puisant dans l’esthétique industrielle commune. Cristaux de guitares délaissés. Le sound design, remarquable de cohérence, et les abstractions sonores de Levin marquent une nouvelle fois par leur suggestivité et leur force de pénétration. Écoutez ce disque seul, et dans le noir.