Présenté comme une réinterprétation moderne du mythe de Narcisse selon Ovide, le nouvel album de Drab Majesty avait de quoi intriguer. Le duo formé par Deb DeMure et Mona D souhaitait partir de cette histoire, aussi célèbre que tragique, pour explorer à nouveau la question de l’identité et les manières dont celle-ci peut se retrouver déformée notamment par l’influence des nouvelles technologies.
L’idée pouvait paraître risquée, mais la première écoute est immédiatement rassurante : loin d’être un concept album pompeux, Modern Mirror est la fusion parfaite entre la mélancolie de Careless (2015) et la froideur de The Demonstration (2017). On y retrouve tous les ingrédients qui ont fait la renommée de Drab Majesty : les lignes de guitares mélodiques, une bonne dose de réverb et des plages de synthés 80’s bien senties. Ces éléments se retrouvent distillés de manière très équilibrée pour aboutir à un disque cohérent de bout en bout, à la production impeccable.
Cet équilibre se retrouve aussi dans l’alternance entre des titres très dansants ("The other Side", "Dolls in the Dark") et d’autres qui sont plus dans l’émotion. Le premier single "Ellipsis" est un véritable tube avec un refrain hyper accrocheur et un final en apothéose alors que la chanson d’après, "Noise of the Void", est une sublime ballade dotée d’une magnifique mélodie où tous les éléments viennent parfaitement se combiner. On peut aussi évoquer le diablement efficace "Oxytocin" sur lequel Mona D pose sa voix qui contrebalance avec "Long Division", très beau titre où Deb évoque une relation dans laquelle l’un des protagonistes s’est perdu à trop vouloir s’accommoder avec l’autre.
En huit titres et un peu plus de quarante minutes, le groupe de Los Angeles arrive a capté l’auditeur du début à la fin et à l’entraîner dans son univers si particulier qui le distingue du reste de la mouvance darkwave. Grâce à un sens inné de la mélodie et à un romantisme noir qui transparaît dans chaque titre, Drab Majesty présente son album le plus abouti à ce jour.