Un Noël noir… Après l’EP Hidden Segment concocté avec Pilgrimage To Pleroma (cf. notre chronique), Empusae sort un format long, en partenariat avec Onasander : Umbrosyne. Ces cadeaux sortent simultanément chez Cyclic Law afin de célébrer comme il se doit la naissance de Notre Sauveur ! Le label occulte, désormais établi en France, décrit cette nouvelle offrande ainsi : "une exploration sonique de l’ombre, de la mémoire et de la résilience. Cet album collaboratif tisse une fresque de paysages sonores ensorcelants et de mélodies évocatrices, attirant les auditeurs vers un monde où l’ancien et le moderne convergent." La messe est dite ! Les deux artistes, qui ont progressivement imposé leur style dans le monde du dark ambient, unissent leur force avec un grand talent sur ce disque sans concession.
Umbrosyne se compose de six titres, pour un voyage sombre de quarante-sept minutes. Chaque morceau est composé en respectant l’esthétique musicale de chacun. Ainsi, l’aspect industriel et martial est développé par Empusae (au civil, Nicolas Van Meirhaeghe alias Sal-Ocin), alors que le côté plus spatial et cinématique (terme cher au label Cryo Chamber) relève de l’art d’Onasander (le Vénitien Maurizio Landini). Ce partage des "tâches" s’avère ici particulièrement harmonieux. Les textures se mêlent idéalement afin de susciter l’effroi sans heurter. Les drones tapissent l’espace, avant que des nappes métalliques s’évadent et refluent dans une valse obscure impressionnante. Des éléments tribaux surgissent par moments, comme sur "Astronyx" et "Stygionix", renforçant l’impression de participer à un rituel funèbre. Et toujours avec un à-propos parfait !
Cet opus se distingue par son unité. En effet, Umbrosyne agit comme une bande-son horrifique, décrivant un monde nocturne et déliquescent. L’espoir semble avoir déserté la Terre et seule la pourriture humaine survit laborieusement, implorant les seigneurs chtoniens. Entre bruitages effroyables, sonorités profondes, répétitives et obsédantes, le duo nous malmène, mais avec une grâce folle ! Pour profiter pleinement de cette expérience, l’écoute doit être recueillie. Car il est possible d’atteindre un autre niveau de conscience en s’y immergeant pleinement. Ce caractère hypnotique s’épanouit notamment sur "Hadeskai" et "Phobeleos". Ces pistes marquent par leur puissance minimale envoûtante et addictive, comme un bercement macabre qui séduit et cause notre perte. Une forme méditative particulièrement réussie au parfum apocalyptique.
L’hiver est là, éternelle saison froide et morne… Au fond du foyer, une lumière vacille avant de s’éteindre, laissant les ténèbres étendre leur empire… Voici notre ressenti après avoir digéré Umbrosyne. Empusae et Onasander sont décidément de merveilleux créateurs d’ambiances. Le premier a montré depuis une vingtaine d’années à quel point il pouvait déclencher des émotions vives grâce à une densité sonore remarquable. Figure essentielle d’une scène ambient particulière, le Belge sait s’entourer des meilleurs pour promouvoir un univers lugubre. Ainsi, nous avons pu le retrouver précédemment avec Ordo Rosarius Equilibrio et surtout Peter Bjärgö (le projet Onus). Quant à Onasander, sa maîtrise de l’espace est stupéfiante. Remarqué précédemment aux côtés de Kloob ou Ashtoreth, l’Italien nous enchante une nouvelle fois.
