Fly Pan Am… Un nom lointain qui nous rappelle le début des années deux mille, moment de l’explosion du post-rock et du label Constellation. Mais vous ne rêvez pas, le quartette montréalais reprend du service quinze ans après la parution de N’écoutez Pas, leur dernier effort discographique ! Des signes avant-coureurs d’un retour étaient tout de même visibles, puisque le combo s’était reformé pour un concert il y a un an. La muse créatrice a soufflé à leurs oreilles et son charme est évidemment irrésistible…
C’est Ça reprend clairement les choses là où elles avaient été laissées en 2004. On retrouve cette folie, cette puissance à la fois destructrice et bienfaitrice. Si l’électronique prend de l’importance, on navigue en terrain connu, mais gare aux turbulences ! Les neuf morceaux s’enchaînent en dévoilant chacun une personnalité différente. On perçoit des influences diverses, allant du punk, à la noise, en passant par le shoegaze, le krautrock, la techno et une veine expérimentale pleinement assumée. "Avant-gardez vous" déboule de façon fracassante. Titre tendu, anarchique, une divagation noisy difficile. Cet aspect se raréfie par la suite, mais donne le ton d’une partie du disque : sauvage, violent. Nous relevons d’ailleurs pour illustrer ceci les hurlements black metal imposants (sur "Bleeding Decay", "Each Ether", "One Hit Wonder", "Discreet Channeling", "Interface your shattered Dreams"), une marque de fabrique qui affirme les contrastes de la musique de la formation.
Car, si le bruitisme est important, il ne faut pas non plus négliger les élans mélodiques, parfois éthérés, qui sont distillés. Fly Pan Am mue en Stereolab sur "Each Ether" et "Interface your shattered Dreams", mais ce schéma serein est de courte durée. C’est Ça est un opus touffu, au charme certain, mais le groupe accumule un peu trop d’éléments sonores et accouche d’une œuvre qui aurait gagné à être plus resserrée.