Retour à de l'autoproduction pour Follow Me Not. Et, comme le dit le premier titre, s'extirpant de sa cage, il n'a rien perdu de sa rage (oui, on la connaît cette rime...). Ce premier titre est... infernal. Même après plusieurs écoutes, il marque encore et encore. Toutes proportions gardées, il me fait le même effet que l'ouverture de Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me avec "The Kiss". C'est un morceau bravache, agressif, exigeant. Sa noirceur efface le pourtant travaillé (quelle basse !) titre qui le suit. Il faut dire que ce pauvre "Everytime" se trouve bloqué entre deux grosses réussites. Puisque lui succède "Far away", ritournelle portée par la guitare acoustique, la voix qui se traîne, le clavier tristoune mais qui se tient droit, affrontant les périls de la vie. Un classique comme je les aime chez Follow Me Not.
L'évidence est là, renouvellée. Les mélodies ont leur grâce, pas dans un format rock trop facile, ni dans de la pop élevée. On navigue entre deux états, comme somnolant et hésitant entre rêve et cauchemar. La basse et la rythmique sont souvent les guides enfantins qui nous saisissent la main pour nous attirer dans leur ronde ludique, puis la teneur des paroles, les nappes de claviers, l'aigre de la guitare, le désespoir désabusé de la voix nous plaquent au sol. Finir le disque sur le déprimant "Things We lost" est ainsi un vilain cadeau empoisonné, et il faut à cette composition toute son harmonie et ses arrangements pour susciter un reviens-y car c'est un sacré coup au moral qu'ils arrivent à délivrer sans pathos excessif : c'est juste que le désespoir sonne si réel que c'en est troublant. Merci aussi pour ça.
Nicolas Guerroué et Mik Chevalier captivent une nouvelle fois avec leur formule, apportant non point un énorme renouvellement (sauf peut-être sur ce "Fire" initial ou encore avec "We don't know" que je n'arrive pour l'instant pas à saisir, trop riche et remuant sans que je ne sois happé, on verra sur le long cours), mais cultivant ce qu'ils ont appris à faire et mieux poli depuis leur union en duo musical. Ainsi, se permettre un thème rock'n'roll à la basse, c'est aussi un tour de force qui relance l'album car sur ce gimmick, les deux comparses placent leurs émotions, cassent la nonchalance apparente et prennent leurs propres sentiers décalés ("Waterfall"). Il faut une attention aux détails, en plus de la faculté de plonger sans réflexion dans ces titres, pour en percevoir la richesse. C'est alors, au détour d'une ligne de violon que le travail apparaît, influences digérées : pourquoi pas du New Model Army revisité sur ce final de "In my Dreams I fall" ? Aussi bon que cette new wave captivante sur "Glasgow Smile", là encore instantanément émouvante.
Le digipack reflète à son tour cet entre-deux émotif : couleurs pimpantes en extérieur, grises en interne, un schéma explicatif et des structures neuronales, un paysage Rorschach où l'on ne sait ce qui est organique ou minéral. Une élégance entre pourriture et pérennité.