C'est avec émotion qu'on embarque dans ce trip auquel nous convie l'inaugural "Reason". Dans nos valises sensitives, ce qui a fait le charme des voyages précédents : une grosse malle empruntée à The Cure dans les guitares flangerées, un paquet de cold-noise à la The Jesus And Mary Chain (sur "When Winter's gone" notamment) ou, plus adéquat pour ceux qui connaissent, les chaussures de marche de The Radio Dept. La forte mélancolie des débuts a ouvert de belles perspectives, glissant des harmoniques racées et des rythmes plus new wave que cold : alors que "Strange Strangers" est la plaine cold-goth classique, "Walls" serpente comme du "Jumping Someone Else's Train" et cahote façon "The Blood".
Le son (mixé par Sébastien – Faits Divers) est fabuleux : précis, propre, sans avoir gommé le grain ("Vanishing Smile", le grand final de "Farewell") donnant ainsi sens à chaque léger virage stylistique. Si "Dreaming" exhibe des paysages connus, le travail sur les couches sonores libère plus de détails et les notes résonnent mieux entre elles. La profondeur des échos et du piano offre légèreté et vire vers le bucolique. C'est hédoniste. L'orientalisme de "My Pulse" n'est pas qu'illustratif, il se déplace et joue aux mirages, disparaissant pour revenir plus insidieusement au gré d'un titre évolutif et construit avec une complexité qui se fait pourtant discrète. Tout paraît évident ! Les éruptions de larsens sur "When Winter's gone" ne cachent rien de la basse de Mik Chevalier et les tournures rock fonctionnent avec leurs à-coups, qui grincent ce qu'il faut : on réserve une mention spéciale à "Care less" qui déchire avec douceur, grâce à ses claviers et sa basse – une fois de plus, elle est le décor nécessaire, vitalisant, celui qu'on suit les yeux fermés. La voix, avec son accent français, a progressé : on entend ses nuances, ses jeux entre murmures et, fait plus nouveau, des tons légèrement frondeurs. Sur des versants plus synthétiques, Nicolas se fait même mutin, et baguenaude avec délice ("Non Sense", un titre à apprivoiser, plus pop et expérimental, très ludique).
Un certain appétit de vivre se dévoile, aussi ; "Sunday" prend même des allures de promenade avec pauses descriptives dans le tempo et ronde sur soi, bras écartés. Pareillement, on est pris d'enthousiasme face aux paysages traversés. Vanishing Smile porte mal son nom tant c'est une sorte de béatitude complice qui nous gagne.
Comme pour d'autres éditions double, le tracklisting diffère selon les supports, avec download possible des inédits du CD. Un titre reste donc en exclusivité pour la version 33 tours.
