RETOUR SUR TERRE
Quatre ans se sont écoulés depuis la dernière émission de Foretaste en provenance du cosmos. Au sidéral Space Echoes, succède Happy End !, sorti fin janvier 2021 et annoncé dès décembre dernier par le fringant EP Lost : Run. Le duo électro-cosmique formé par creature XX et creature XY est donc de retour avec une force d’attraction renouvelée.
Avec ce nouvel opus, dont le nom se fait l’écho ironique d’une période des plus troublée, Foretaste ouvre un nouveau chapitre rythmiquement et mélodiquement maîtrisés à défaut d’apporter ici-bas des ferments d’espoir. Qu’importe, savourons le moment présent.
"Welcome", "In my game", "Run", "Into the Night", "Lost for seven Years", "Robotic Blues", "Bored to Death", "Dead Star", "Pure Madness", "Happy End"… vous l’aurez compris, Forestate ne ramène pas dans sa soute le bonheur et la sérénité du fin fond de l’univers. Fidèle à sa doxa, le groupe explore depuis le début de sa carrière les tréfonds de l’âme humaine avec des thèmes récurrents : espoirs déçus, amours compliquées, peur, doute et désespérance. Crédo inchangé donc pour Happy End !, telle est la voie du duo XX/XY.
Côté plan de vol, pas d’accro mais une énigme en fin d’album…
Foretaste nous embarque pour quarante-trois minutes d’une synth-pop à la redoutable efficacité. L’entrée dans l’atmosphère se fait en douceur avec le morceau mid tempo "Welcome", aux aspérités vintage. La vitesse de croisière s’installe dès "In my Game" et "Run" qui soutiennent une progression tensive, habilement menée vers le centre de gravité de l’album. On se délecte à l’écoute de l’excellent triptyque formé par "Lost for seven Years", un morceau émaillé de secousses dansantes et addictives, "Robotic blues", l’hypnotique climax de l’album (distillé par un JB Dekad, du voyage lui aussi et plus inspiré que jamais) et enfin "Bored to Death", un élégant instrumental qui a toute sa pertinence dans l’opus.
Ladies and gentlemen, ne détachez pas vos ceintures, le commandant de bord en a encore sous le pied : les turbulentes "Dead Star" et "Pure Madness" font agréablement monter le palpitant. Préparez-vous aussi à un atterrissage ex abrupto avec un "Happy End" assez déroutant, au carrefour de l’EBM, l’industriel et de l’acid… nouveau territoire d’exploration du groupe ???… L’avenir le dira (ou pas).
Globalement, de la très belle ouvrage électro sur l’ensemble de l’album avec une production plus brute mais qui n’a rien perdu de sa sophistication. Foretaste fait montre une fois de plus de sa capacité à créer des leviers mélodiques efficients et toujours à propos ("In my Game", "Lost for seven Years", "Dead Star", "Pure Madness"). Le tandem vocal XX et JB Dekad sur la fin de "Robotic Blues" confirme (s’il en est besoin) l’alchimie plus que fonctionnelle du duo.
Avec cet ultime opus, le groupe reste globalement fidèle à son identité sonore en capitalisant sur ses forces rythmiques natives.