Et la faiseuse de bruit Geneviève Pasquier (Thorofon) vous traîne une nouvelle fois sur la piste de danse. D’you wanna ? Deux reprises au menu de ce format spécial 2023, single sept pouces qui débarque sans crier gare.
Gare, pourtant !
Les lumières s’allument et tout bascule. Sentez, voyez ces corps tout autour qui s’animent. Guêt-apens ? Ils vous prennent par la main, ne veulent plus la lâcher. Le monde, en mouvement : "Cannibal Night", de Nox (les peu classables, connus aussi sous le patronyme Collectif Nox / aka Cécile Babiole + Gerome Nox + Laurent Perrier + Laurent Pernice), renaît sous la forme d’une tournerie qui marque la pulsation sans amnésie pour le feeling d’origine, ses accents tribaux. La version première, minimale jusque dans sa rythmique (mais gare aux voix ! des voix de chiens, des voix de fous) est transmutée : des vocalises premières aux jeux de superposition rituels, Pasquier tire une forme dans laquelle la rythmique prend une dimension frontale. La voix de Geneviéve monte alors en surface, prolongeant avec retenue la dimension incantatoire de la création de Nox. Démarche installée sous le signe de la réinvention. Pasquier en a sous le pied, et gardait dureté en réserve là où le commentaire a pu voir en son clair-obscur Louche Effect (Ant-Zen 2018) une inclination vers un son plus ouvert, langoureux ("Skydance", rappelez-vous), accessible et nuancé.
Rien n’est figé. L’accessibilité, la danse, restent de mise avec Indecent Behaviour mais l’option n’est pas incompatible, et loin de là, avec la recherche d’un sound design authentique. Et il l’est, ce qui se remarque d’autant plus à travers un exercice tel que celui de la reprise. Le groove urbain de "Berühren", création (dansante) de Profil, devient sous les coups de pinceau électro de la musicienne, une toile épaisse, aux mécaniques asphyxiantes. Mais vous reconnaitrez la mélodie fondamentale, aisément. Geneviéve transforme le plomb en un matériau machiniste, appliquant jusqu’au bout une certaine philosophie de la reprise : prendre les choses, les faires siennes. La chanson n’est qu’une matière première.
Geneviève en a sous le pied, vraiment, et la suite nous tarde déjà. Peut-être parce que chaque sortie de Pasquier a ce petit quelque chose qui va intriguer et se pressent. Un jour, elle fit cette déclaration à son intervieweur : "Je pense ne me conformer ni appartenir à une quelconque tradition, en même temps je ne pense faire partie d'aucune sorte de nouveau mouvement."