Ceux qui ont aimé et aiment toujours Tr/st vont foncer sur cet album. Si la voix sonne moins batcave (pas de chant dans le haut de la gamme), les sonorités glacées mais dansantes de ce disque réveillent de chouettes émotions. Nappes de claviers, basse synthétique, guitares curesques et mélodies simples mais travaillées.
Pour attirer le chaland revenu de tout, mais désireux de rester à la page, dépassé par le nombre de formations et de projets, on chuchotera que sur "Fears", la partie vocale évoque l'ombre du grand Robert (sans que cela sonne comme un copycat à la The Essence).
Ce deuxième long format en huit titres alterne avec bonheur les atmosphères. Un son plus rock assombrit le bien-nommé "Obscurity", dont les pulsations sourdes attendent une étincelle pour se déployer. On sent venir l'attaque, on la guette et imperceptiblement, on danse au ralenti, années 2000 sur le dancefloor, quand surgit soudain cette ligne lead, nous gratifiant d'un ralenti élégiaque. Simple ? Non, c'est un travail de positionnement et de réflexion pour ne pas tomber dans la redite.
"Illness" emprunte cette pente de la noirceur, mais cette fois, la guitare ouvre vers la lumière. De la collaboration avec Dead, on attendait beaucoup, et beaucoup est donné puisque c'est un titre qui agite et remue, ancrant le terme post-punk dans cette musique plus dark et moderne. Autre duo (déjà le troisième !), avec Francis de Rendez-Vous (RDV désormais) : un mid-tempo parlé-chanté, surtout marqué par les entrelacs de trois lignes mélodiques ; la voix alors flotte, se fait éthérée, rêveuse, brillant même lorsqu'elle s'absente sur trois mesures.
Les discussions autour du nouvel album de The Cure me chagrinent : lorsque j'écoute un titre comme ce "Asylum for Evil", je me demande pourquoi Robert et ses comparses ne parviennent plus à composer un titre simple, évident dans sa force, mais aux compartiments multiples se révélant écoute après écoute. Désolé pour les fans et pour Giirls d'amener une telle comparaison car Time Of Glass n'a pas besoin d'une polémique pour s'imposer comme un grand disque.
La capacité à composer aussi un disque se retrouve dans le choix des titres, aux signifiants évidents, et à cette manière de placer le dernier morceau, concentré de coldwave, en dépit d'un bourdon dans les graves qui sert de base aux évolutions des claviers. Un titre peut-être trop identifiable dans sa manière et long (presque six minutes alors que la messe est dite avant la moitié), mais qui permet de refermer le propos de belle manière.
