Gold Cage est un jeune trio de Los Angeles, prometteur - et Social Crutch, leur premier album, est frais et printanier. Il paraît chez Felte, label ricain qui a su dénicher de très beaux talents depuis dix ans (Chasms, ERAAS, Numb.er, Ritual Howls, Soviet Soviet, Standish/Carlyon ou encore Gold Class). Cette structure a surtout réussi à mettre à l’honneur ce nouveau son atmosphérique, parfois sombre, et extrêmement évocateur.
Nos trois musiciens restent pleinement dans cette lignée. Entre son saturé (par moments), boucles, reverb et voix éthérées, tout un catalogue indie réjouissant est ici proposé. Ces neuf titres ouatés nous entraînent dans une rêverie profonde et suave. La bassiste Mony Katz et le guitariste Cole Devine se partagent le chant, dans un pas de deux onirique subtilement addictif. Quant à la batterie de Sage Ross, elle tapisse avec candeur et efficacité cette toile délicate. 
Les compositions simples nous bercent, territoires de beauté au charme indéniable. Rien n’est superflu, la maîtrise de cet impressionnisme sonore force l’admiration. Les références pleuvent : Galaxie 500, Yo La Tengo, Low, Slowdive ; on relève même une pointe d’Interpol sur "Introduce my Mind". Ces jeunes personnes ont brillamment intégré la musique de leurs aînés, toute cette frange planante et down-tempo du rock. Hommage sincère et sublimation. Le schéma mélodique est certes assez limité, mais Social Crutch tire sa force de cette invitation minimaliste à la contemplation dans une danse hypnotique, particulièrement bien rendue sur "Repeater Kember", "Halcion", "What is left" et "Ripples".
Le disque est court (trente-quatre minutes) mais suffisant pour un dépaysement total. Quelques déflagrations électriques ("Repeater Kember", "Halcion") nous ramènent sur terre, mais le voyage reste principalement spatial. Les brumes célestes guitaristiques nous entraînent vers un nirvana assumé, culminant avec "Creepfest", véritable morceau de rêve, qui clôture cet opus en tout point parfait.
