Grim, patronyme connu des scènes harsh noise / power electronics, sévit depuis les années 1980. Son nouvel EP (pour ne pas dire single) chez Ant-Zen est une démonstration de puissance oppressive et de... bruit, oui, bien sûr. Grim est dans l'expression d'un savoir-faire et Great Magi est comme une évidence, le fruit d'un instinct. Le bruit est une matière, et la matière se sculpte. La sculpture est, en l'occurrence, le fait de dompter le bruit par une manipulation, et les voix s'y enfouissent. Il reste bien quelque chose d'humain, dans tout ce fatras. "Culture du potentiomètre", diraient certains.
Grim, en trois petits volets, fait état des possibles ; et l'EP, quoique court (douze minutes), donne à sentir tout ce dont est capable le protagoniste principal (autrement dit Jun Konagaya, cofondateur de feu White Hospital avec Tomasada Kuwuhara). Que Grim opte pour une brève sculpture saturée ("Yov") ou qu'il approche le travail rythmique en lenteur ("Gongen"), le malaise est palpable et la fête est triste. "Gongen", grande pièce de l'EP (6'14''), fait le choix d'une conclusion plus théâtralisée que le reste : les deux développements qui le précèdent sont d'une noirceur plus brute. Great Magi est une expérience : comme une purge et, au bout, le sentiment d'un évidement. Erase, reboot.