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Album
07/09/2020

Hurts

Faith

Genre : spleen pop / synthpop
Date de sortie : 2020/09/04
Note : 70%
Posté par : Vänessa Lobier

En 2020, y avait-il encore quelque chose à espérer de Hurts ? En dix ans de carrière, le groupe a sorti deux bons albums de synthpop, Happiness (2010) et Exile (2013), puis les choses ont commencé à se gâter avec un virage beaucoup plus pop qui peinait vraiment à convaincre. Bien sûr, le groupe a sans doute bénéficié d’une hype qui n’était pas vraiment justifiée lors de la sortie de son premier single "Wonderful Life", bien sûr le duo a beaucoup misé sur l’esthétique, parfois au détriment de la musique. Et pourtant, pour peu que l’on oublie les artifices, les deux premiers albums du groupe – sans être parfaits – contiennent quelques très bons titres.

Il faut bien l’avouer, après les déceptions successives qui furent Surrender (2015) et Desire (2017),  l’excitation n’était pas vraiment au rendez-vous au moment de découvrir Faith. Pourtant, quelques signes laissaient présager un retour aux sources : l’esthétique en noir et blanc de la pochette tout d’abord, puis les déclarations du groupe évoquant un retour à l’essence de Hurts et des tonalités plutôt sombres liées à la période difficile traversée par Theo Hutchcraft et Adam Anderson après la sortie de Desire. "Voices", le premier extrait proposé, sans nous emballer complètement était déjà bien meilleur que la plupart des titres proposés par le groupe depuis cinq ans. Mais c’est surtout l’écoute de "Redemption" qui a retenu notre attention, sublime ballade dépouillée de tout artifice, sur laquelle le groupe se met à nu.

Faith est probablement l’album qui rapproche le plus Hurts de ses débuts. Il n’est pas exempt de tout défaut, des titres tels que "Somebody" et "Darkest Hour" sont par exemple plutôt en dessous en se rattachant plutôt à la période Surrender / Desire. Mais la tonalité générale de l’album est globalement plus sombre que ses prédécesseurs. On retrouve ainsi l’influence du Depeche Mode des années 90 sur "Suffer" voire même de Nine Inch Nails sur "Numb". Plus expérimental, "Fractured" s’aventure sur des terrains assez nouveaux pour le groupe avec un chant très saccadé et une vibe quasi r’n’b. Sans être une réussite totale, on apprécie la prise de risque. On retrouve également le portrait d’un nouveau personnage féminin sur "White Horses", à l’image de ceux présentés dans "Wonderful Life" ou "Rolling Stone". Si musicalement quelques passages s’avèrent moins réussis, le fond du disque apparaît beaucoup moins creux grâce à une vraie attention donnée aux paroles. On a déjà évoqué la sincérité brute de "Redemption", on la retrouve également sur "All I gave to give", la deuxième très belle ballade de l’album.

Avec ce cinquième album, le duo anglais vient donc démontrer d’une manière assez convaincante qu’il a encore des choses à dire. Faith n’est sans doute pas un chef d’œuvre, certains viendront dire qu’il encore trop pop, que tous les travers des derniers albums ne sont pas effacés. Tout cela est sans doute vrai, mais on y retrouve surtout un élément qui avait disparu depuis un moment de leur discographie : la sincérité. C’est sans doute là le plus important, le reste n’étant après tout qu’affaire de goûts.

Tracklist
  • 01. Voices
  • 02. Suffer
  • 03. Fractured
  • 04. Slave to your Love
  • 05. All I have to give
  • 06. Liar
  • 07. Somebody
  • 08. Numb
  • 09. Redemption
  • 10. White Horses
  • 11. Darkest Hour