On l’a connu métalleux, guitariste féroce de Seventh Angel, Ashen Mortality et Silent Wake, le voici chaman ! Retiré au cœur de la campagne galloise, Ian Arkley dirige son propre culte avec une ferveur mystique passionnante. one, son premier effort solo, est le fruit d’un travail méticuleux, nourri d’improvisations vocales et de rythmes hypnotiques. Cet opus nous entraîne aux confins de la civilisation, ici nos sens d’égarent sous cette pulsation primordiale qui semble jaillir d’un arrière-monde démoniaque. Le musicien malmène son auditoire, ses incantations tribales font perdre tout repère et on se laisse doucement bercer par cet harmonium macabre et doux. La première partie du disque est ainsi farouchement païenne, avec un parfum world envoûtant, portée par des percussions organiques puissantes. Mélange entre Orient et Occident, Dead Can Dance et Arcana période Le Serpent Rouge semblent être invoqués. "Morphic Resonance", "Woodman" et "Ancient Assembly" sont des titres essentiels : évocateurs, ésotériques, lancinants ; une expérience religieuse d’un autre âge.
Progressivement, les rivages sonores prennent des teintes plus obscures. Charon nous convie à un périple funèbre où les songes se transforment en cauchemars et même la légèreté de la mandoline n’y pourra rien changer. Des éléments médiévaux apaisés émergent alors ("New Church"), néanmoins l’ensemble reste viscéralement sombre. Les morceaux s’alourdissent toujours plus, prenant des détours neofolk et post-indus ("Wrong Frequency", "English Electric"), dans une atmosphère rituelle obsédante. L’aspect cérémoniel de cette seconde partie est magnifié sur "Out from", une évocation réussie d’une certaine Anna von Hausswolff. Dès lors, les esprits infernaux envahissent complètement l’espace. Une dark ambient profonde, lugubre et oppressante se distingue. L’eau devient trouble, la chaleur du début s’évapore pour ne laisser que des textures graves, des imprécations violentes. "Conscious Agents" n’est d’ailleurs pas sans rappeler "Den onde Kysten" et "Svarte Troner" de Burzum (Det som engang var). Soyez damnés !