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Album
17/02/2022

Ilitch

White Light

Label : Bisou Records
Genre : experimental / ambient
Date de sortie : 2021/12/02
Note : 84%
Posté par : Mäx Lachaud

Non reconnu à sa juste valeur, le projet Ilitch n'a pourtant jamais perdu la flamme et la sève qui faisaient le charme du premier Periodikmindtrouble en 1978. Sombre, cinématographique, le style est bien là, au croisement de l'ambient, de l'avant-garde, du krautrock et de l'electro. Et ce White Light figure sans aucun doute dans le trio de tête des meilleurs albums de Thierry Müller. Accompagné d'invités de marque (Aaron Moore, Jac Berrocal, Quentin Rollet...), le disque est né d'une période de troubles personnels, et ce désordre mémoriel et mental peut se ressentir dans la folle schizophrénie des séquences.

"You, smooting Voice" aurait pu servir d'intro à un des premiers Pink Floyd avec ses guitares planantes. Mais le violoncelle mélancolique et la basse saccadée y ajoutent une élégance que n'aurait pas reniée Tuxedomoon. "Stop Fighting in my Brain" mêle ces sonorités néoclassiques à une rythmique électronique imparable et robotique. Les cordes samplées entrent alors en conversation avec les flûtes dans un "Spleen Variation" qui pourrait être une version musique de chambre d'un bon vieux Kraftwerk. "Se souvenir d'oublier" continue l'exploration psychédélique au son d'une ballade pop/folk dominée par le chant aérien d'Aaron Moore. C'est ensuite à Erik Satie que l'on pense quand les notes de piano de "White Light" entrent en suspension et que l'ambiance se fait de plus en plus frissonnante.

Plus abstraite, la seconde face débute sur des drones hypnotiques avant de partir dans une cavalcade épique et martiale. "La Danse des Neurones" offre ensuite son interprétation surréaliste très singulière de l'electro-jazz : piano, trompette, guitare et synthés s'entrechoquent sans jamais tomber dans le chaos. On reste sur le fil, dans une tension toujours maîtrisée. Une guitare gitane un brin romantique surnage alors un marasme de bidouilles analogiques organiques ("Serenity Bug") qui finissent par s'épanouir dans "Cyclothymie", où le violoncelle reprend sa sérénade mélodieuse. Le dernier titre ("The Elfes' Door"), entre pièce minimale au piano et arrangements pour cordes, souligne cette volonté d'Ilitch d'aller de plus en plus vers un néoclassicisme maussade et élégiaque. Le psychédélisme se joue aujourd'hui à l'archet pour Thierry Müller, dans la recherche d'une pureté émotionnelle toujours aussi intense.

À signaler qu'un morceau supplémentaire, "Absence", se trouve sur l'édition vinyle limitée.

Tracklist
  • A1. You smoothing Voice
  • A2. Stop fighting in my Brain
  • A3. Spleen Variation
  • A4. Se souvenir d'oublier
  • A5. White Light
  • B1. Avant que mon Cercueil se transforme en Citrouille
  • B2. La Danse des Neurones
  • B3. Serenity Bug
  • B4. Cyclothymie
  • B5. The Elfes’ Door